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L'odeur brûlée du chaume... ce soir, tout me revient. La poussière ocre sale levée par les tracteurs, là-bas, vers les quatre chemins. Oui, presque tout. Les colères formidables de Papa contre le matériel agricole qui le trahit au premier coup dur. Maman et ses faux-airs de matrone autoritaire. Ce soir, où il ne s'agit plus seulement de souvenirs mais de migrations secrètes, me revoilà au cœur de ce monde enseveli sous les sables du temps, où vivre, alors, revenait à décrire le paysage… Et puis, cette fille et sa silhouette, laquelle par manque d'imagination, se confond déjà avec la brume. Cette aisance et sa désinvolture, comme une araignée vole au-dessus de nos carcasses d'insectes. Ce soir, tout me revient de cette jeunesse laborieuse comme si j'avais passé deux ans au théâtre à ronger mon frein, en attendant d'évangéliser toute la Polynésie. Ce soir, je me souviens comme j'ai pu rêver d'elle. Oh mais à quel point j'ai pu rêver de cette fille au-dessus des fermes qui sentaient la vache morte et la fiente de poule. Le sommeil, entre deux, c'est encore autre chose. Parfois, ça nous excite, la vulgarité. Et parfois je lui lance encore un regard amical mais un peu trop appuyé. Les rêves, eux aussi, commettent des erreurs Ce soir, oui, tout me revient. Presque tout... L'odeur brûlée du chaume. La poussière ocre sale levée par les tracteurs. Et puis cette fille comme une araignée vole à travers la brume en surveillant notre petit troupeau de vitres... Et puis cette fille qui applique son coup de scalpel implacable sur la plaie de mes fantasmes dessinées entre ici et ailleurs. Cette fille qui m'observe de façon quasi clinique...
Deux mille milliards de déchets en plastique flottent au milieu de l'océan. Et puis après... Je n’aime pas trop, d’habitude, avoir à me débrouiller avec tes départs. Ça me rappelle ma jeunesse... Le soleil me caresse les joues et je songe à l'éternité en lecture sur tes lèvres qui savent la pente secrète du langage, au point que les braves fils de famille se sont même mis à douter de l’efficience de leurs services de contre-espionnage... J'aimerais apprendre à pleurer au milieu de cette grisaille soporifique. Alors je pourrais peut-être lutter contre la pollution des eaux que pourtant rien ne trouble dans le pire des scénarios en train de se réaliser. Alors quoi.. Deux mille milliards de déchets... Je sens les envies du soleil juste au dessus de ma tête. Un jour, tu as tenu à me raconter l'histoire de ces femmes brusquement exclues du paradis à la suite d'un arrêté préfectoral, lampiste d'un engrenage mortel auquel tout le monde avait bien voulu se soustraire. Était-ce d'ailleurs si étonnant? Tu m'as raconté comment on avait ordonné à ces femmes de laver les trottoirs avec leurs culottes. Puis de les remettre, mouillées. Je t'ai parlé de Bruce Springsteen. Du fantôme de Tom Joad. Tu m'as rétorqué Balzac. Qu'à côtoyer les belles âmes de la bourgeoisie, ça avait bien failli te rendre violente... Deux mille milliards de déchets en plastique flottent au milieu de l'océan. Et puis après... Je n’aime pas trop, d’habitude, avoir à me débrouiller avec tes départs. Ça me rappelle ma jeunesse... La jeunesse, disais-tu, c'est comme la Californie. Toutes et tous on s'est rué là-dedans avec l’espoir de tamiser son petit filon. Parfois ça brillait et c'était encore autre chose…