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Lubies - Page 89

  • Ce truc, qu'un jour, j'irai glisser dans le cercueil du vieux monde...

    Et les tracteurs de l'enfance,

    me dit-il,

    continueront

    à imprimer, 

    avec ce qu'il nous restera

    d'encre,

    leur petite cadence

    mélancolique

    sur l'écran où sont 

    projetées toutes nos

    obsessions sur l'identité

    des souvenirs-

    ces souvenirs qui vous manipulent

    tellement

    qu'on n'en peut plus-,

    et un jour, je vais écrire,

    enfin,

    ce roman paysan,

    ce western qui dansera sur une jambe,

    cet hymne folk

    traversé de bout en bout

    par un refrain fort

    et des flopées de chemises

    à carreaux

    qui flottent sur la corde à linge

    du ressentiment,

    oui, un jour,

    je vais écrire, enfin,

    ce truc qu'ensuite j'irai

    glisser

    dans le cercueil du vieux monde...

  • ...

    C'était la nuit, chaton,

    me dit-elle...

    Et les anciens suivaient,

    à bonne distance,

    les progrès

    de nos petites carrières...

    Vous étiez-vous habitués

    aux morts violentes?

    C'était la nuit

    et, déjà, plus personne

    ne nous écoutait...

    Quelle sorte de poésie

    aimiez-vous?

    Tout était bien rangé

    dans cette tragédie

    ordinaire

    de la vengeance...

    Étiez-vous vraiment certain

    que la mort

    de votre dernier rêve

    remontait à trois jours?

    C'était la nuit, 

    chaton, 

    et nous nous étions

    convertis

    aux douceurs mortes

    du rangement...

  • ...

    Je ne sais pas pourquoi

    mais j'ai dans l'idée

    que l'écriture

    ne voyage jamais

    seule...

    Le soleil, ce matin,

    et il s'agissait d'un matin

    avec un frère démoniaque

    sur les bras,

    ce matin était

    assez bien parti

    pour enterrer nos souvenirs

    jusqu'à la poitrine

    et les laisser mourrir

    de faim

    comme une enquête

    de proximité

    qu'on a poussé

    trop loin,

    ce matin et il y avait

    là quelque chose

    qui clochait,

    oui, ce matin semblait

    n'être venu au monde

    que pour vous harceler

    avec un tas de questions

    sans queue ni tête,

    des questions

    où quelqu'un, débarqué 

    de l'ambition des débuts,

    aurait mis des apostrophes

    là où il n'en fallait pas...