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Lubies - Page 93

  • Ceci est une liste des mers lunaires, chaton...

    Si un jour, tu as encore

    besoin de moi, chaton,

    me dit-elle,

    parce qu'on ne sait

    jamais,

    regarde les étoiles

    droit dans les yeux,

    jusqu'à ce que la face

    cachée de la lune

    t'apparaisse... 

    Il y a beaucoup moins

    de mers,

    beaucoup moins,

    tu sais, chaton,

    sur la face cachée

    de la lune

    et longtemps on a cru

    que le coeur

    des garçons perdus

    pourraient

    y inventer des souvenirs... 

    Si un jour, ta vie

    se présente

    sous la forme éclatée

    d'un puzzle,

    une suite chaotique

    de poussières

    rebattues,

    soulevées, ça et là,

    par les vents

    de la mémoire,

    la mémoire ou plutôt

    le regard perdu

    de la mémoire,

    si, des personnages

    de départ,

    ne reste plus

    que des fantômes,

    des contours flous

    d’hommes et de femmes,

    dis-toi, alors, chaton,

    que tout ceci

    n'est qu'une liste

    des mers lunaires

    que d'autres avant toi

    ont fini par savoir

    par cœur...

     

  • ...

    Mes yeux, me dit-elle,

    ont envie de respirer.

    Tu pourrais nous jouer

    un disque.

    Sais-tu qu'en province,

    ton sourire,

    c'est le prix d'un chien?

    Ce soir, le ver avance

    lentement

    et j'ai l'impression

    de vivre la vie

    d'une autre. 

    Ce soir, une eau sale

    coule de ma bouche.

    Sais-tu, qu'hier,

    j'ai cru te reconnaître

    dans un rêve à demi effacé?

     

  • ...

    A force, me dit-elle,

    j'ai appris à lorgner

    les êtres et les choses

    comme des "trucs"

    qui ne m'appartenaient

    pas...

    Hier soir, tu vois,

    rue de la Jonquière,

    c'était un peu après

    minuit

    et l'eau de la rivière

    est devenue rouge.

    Les rues, leur courant 

    spécial et des tas

    d'idées traversantes

    qui s'agitent...

    La brume s'échappait

    de la bouche

    du métro, 

    l'air de dire:

    on ne rend jamais

    l'amour

    à l'identique.

    Tu peux garder

    ton chèque de caution... 

    Tu peux continuer, me dit-elle,

    à chanter pied nus.

    La soirée est douce

    et je sais bien que Paris

    marche encore dans ta tête.

    Tu m'expliques comment,

    l'autre nuit,

    les boulevards tentaient

    d'embrasser tous les garçons

    perdus de la ville.

    Que tu as eu l'impression,

    par endroit,

    de vivre dans un travelling

    avant qui ne voulait

    pas mourir.

    Pas encore.

    Et combien, alors,

    c'était chouette...

    A force, me dit-elle,

    j'ai compris.

    La vie, parfois, c'est

    comme dans le bus

    quand tu ouvres la vitre.

    C'est toujours celui

    qui veut la fermer

    qui a raison...