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Lubies - Page 94

  • ...

    Je le connais ce regard,

    un pied à l'ombre,

    me dit-il...

    Un regard vide,

    triste

    comme une chanson

    immobilisée

    après un défaut

    d'assurance...

    Tu prétends qu'à nos âges,

    l'amour,

    encore, ça nous

    arrive

    en pleine figure,

    comme le train

    que tu prends tous les jours...

    Tu m'assures être prêt 

    à tout.

    Et même à vendre

    de la glace

    pilée

    à un tas d'esquimaux 

    poilus

    à ne pas croire...

    Je le connais ce regard.

    C'est celui d'un vieux

    chat

    qui n'arrive plus

    à grimper sur son arbre.

    Celui d'une licorne

    assoupie

    près d'une boîte à chaussures...

     

  • ...

    J'ai croisé bien des revenants,

    bien des spectres,

    l'autre nuit, 

    tu sais...

    Je suis sorti comme on sortait-

    tu te souviens?-

    quand on sortait

    avec l'intention,

    ferme et définitive,

    de ne plus jamais rentrer.

    En tout cas, pas avant

    d'avoir dansé 

    au moins huit heures de suite.

    Pas avant de pouvoir se dire:

    Merde! On a assez vécu

    pour survivre

    en dehors de la jeunesse.

    Et pourvu que l'amour

    nous redonne, sur le pouce,

    son petit cours de philosophie

    pratique...

    J'ai revu quelques uns de nos vieux

    complices,

    l'autre nuit...

    Quelques uns- tu te souviens?-

    assez naïfs pour croire,

    qu'un jour,

    la littérature renaîtrait

    sur une piste de danse...

     

     

  • Les seuls à tenir encore debout...

    Sans doute es-tu dans le vrai,

    chaton...

    La mélancolie de juin 

    demeure, dans sa complexité,

    aussi indispensable

    qu'un lave-vaisselle.

    Le tambour d'une machine

    à laver...

    Tu as raison...

    Il y a une forme de nostalgie

    sociale derrière chaque

    éclat de rire général.

    Soit on accepte que la vie

    puisse être vache.

    Soit on mène les bœufs...

    Et on n'est pas obligé,

    non plus,

    de croire à toutes ces conneries...

    La poésie et la musique Pop

    sont deux sortes de fantasmes.

    Les seuls, à nos yeux, à tenir

    encore debout.

    Les mères nourricières

    de cette petite économie

    solidaire.

    Oui...

    Mais nos défaites perdurent. 

    Et l'ombre enviera longtemps

    la mobilité

    lente et silencieuse

    du fantôme. 

    Et chaque remède contiendra

    toujours

    sa part de poison...