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Lubies - Page 98

  • Un échec, une claque...

    Et je viens encore de vivre

    cette nuit

    comme si c'était la dernière

    des dernières. 

    Sauf qu'ici, les plafonds

    sont hauts

    et vous aurez beau dire:

    on t'a jamais vu

    fouetter un cheval,

    comme ça.

    Un échec, une claque.

    Toutes les nuits

    d'aussi courte haleine

    sont douloureuses

    à force de faire

    les poubelles. 

    On vieillit, 

    il pleut et quelqu'un- même si,

    quelqu'un, je sais, ça risque

    de ne pas être assez-,

    oui, donc, quelqu'un

    devrait pouvoir s'exclamer

    sans toutes ces affétéries

    qui nous ont tant fait rire,

    avant,

    juste avant que nos visages

    virent, oh allez une dernière fois,

    au rouge coq,

    juste avant que nos bouches

    se tordent en cul de poule...

    et regarde-regarde,

    chaton,

    comme nos vies en pleine dégringolade,

    tentent de repartir

    en balade,

    oui, une dernière fois,

    regarde-regarde,

    chaton,

    comme l’œil du peintre

    essaye encore de nous faire croire

    qu'un jour,

    avant que l'hésitation ne finisse

    par gâter son geste,

    il va pouvoir retourner vivre

    dans l'ancien hôtel

    des comédiens ordinaires

    du roi.

    Regarde-regarde...

    On vieillit, 

    il pleut et quelqu'un

    devrait pouvoir nous chuchotter

    un truc bricolé à la minute.

    Le genre de truc assez

    mauvaise graine 

    mais pas lugubre

    au point qu'on se sente

    obligé

    d'accrocher son étoile

    à la première charrue

    qui passe.

    Un échec, une claque.

    Le genre de truc, quelque chose

    et à la fin, bien sur, tout devient

    du nougat

    Ça, par exemple: 

    Tu es dans ma tête,

    tout le temps

    et il doit bien y avoir

    un moyen

    de faire machine arrière...

    Et je viens encore

    de vivre cette nuit

    comme si c'était...

    Un échec, une claque.

    Et l'orage enfle

    comme un mal de tête.

    Encore cette actrice

    qui revient mettre son nez

    à la fenêtre.

    Cette fois, voilà, j'ai compris.

    A la fin de nos débuts

    dans la vie,

    c'est comme si

    on avait déjà passé l'âge...

     
     
     
  • Arranger les désastres, chaton...

    Longtemps j'ai cru, 

    me dit-il,

    qu'il n'y aurait jamais plus

    aucun espace à louer

    dans cette ville.

    Et il a fallu-

    le fallait-il vraiment?-

    que je croise l'ombre furtive

    d'une main inconnue...

    Je n'ai pas tellement envie 

    de raconter cette histoire.

    Le jour pointait son nez

    de musaraigne.

    Voilà, c'est tout.

    Et puis aussi...

    Un sourire- ce sourire qui a appris

    à être malin, à arranger les désastres,

    chaton,

    parce que la vie qu'il mène

    ne le satisfait pas...

    Et les draps s'enfonçaient 

    entre nos cuisses

    comme un poisson lune

    dans le sable...

    Au commencement, alors,

    la trame principale de cette histoire

    était mince-si mince-beaucoup trop mince,

    en fait...

    Pour finir, je refuse de t'embarquer

    là-dedans

    pour des motifs crapuleux. 

    A trop forte dose,

    comme tu le sais,

    le goût du désespoir 

    finit par museler les hommes

    et leurs désirs. 

    Et les hommes,

    comme tu t'en doutes,

    mon dieu que c'est laid

    quand ça finit par ressembler

    à ces vieux lions

    muselés par l'amour

    parce qu'au départ,

    assez sottement du reste,

    ils estimaient être nés

    pour toute autre chose.

    Et mon dieu qu'ils sont laids

    tous ces hommes-lions

    qui ont cru que le bonheur

    était dans l'ignorance

    et que rien ne vaudrait jamais

    le suspense

    des pistes de danse,

    vers la fin de ces années

    quatre-vingt

    maudites pour toujours

    et sans grande épouvante,

    où tout a pu se compliquer

    de paysage, de farce

    et de pathétique.

    Oh oui, tu penses...

    Et donc il était une fois,

    une fois en passant

    juste une fois,

    mais une fois tout de même,

    il était donc cette fois en train

    de se noyer corps et âme

    dans les nappes phréatiques

    de la mélancolie,

    où, comme tu le sais- comme tu t'en doutes-

    comme tu veux-,

    il ne fait pas bon nager

    à contre courant...

     

     

     

  • ...

    Mes souvenirs ont parfois

    la beauté

    sordide et touchante

    des chiens de prairie.

    Ils se balancent dans ma tête,

    à l'ombre des potences.

    Je voudrais que tu restes.

    Oh oui, s'il te plait.

    Que tu restes.

    Et que tu t'attardes

    un peu

    comme la femme du pionier

    avec ses regards perdus

    depuis que les bons

    terroirs 

    se sont faits rares.

    Depuis que les langues 

    manquent toujours de souplesse

    au moment de...

    Oh oui, tu sais.

    Je voudrais qu'on s'embrasse,

    du bout des lèvres,

    avant que la mort ne réclame

    son du.

    Oh oui, tu sais.

    Pendant qu'il est temps.

    Regarde comme on pourrait

    s'approcher du débarcadère

    en douceur.

    Regarde...

    Qu'on s'embrasse comme dans

    toutes ces histoires

    où l'amour était déjà mort

    parce que dans une autre vie,

     oui, l'amour ça fait mal.

    Le feu a du être instable,

    et il y a ça aussi:

    dans ton dernier rêve,

    les cendres se sont un peu trop

    vite éparpillées. 

    Mes souvenirs font ce qu'ils peuvent

    et parfois on se brûle

    à tenter de sauver ce qui peut 

    l'être...