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Si j'écrivais de la poésie
je ne me laisserais pas
bourrer le crâne
par toutes ces ambitions
inatteignables
qui infusent
pour tout le thé
de la Chine
Si j'écrivais de la poésie
chaque rame de métro
renverrait au tchic-tchac
pourvoyeur des mystères
de quelque Orient-Express
Si j'écrivais de la poésie
je me sentirais aussi
ridicule qu'un fermier
qui écrit ses contes
de fées la nuit
les doigts crispés
sur un bout de table
où on ne le voit pas
Le train repart
accélère après la gare
d'Achères
Les Yvelines roulent leur
velours côtelé de verdure
dans le sens inverse
des aiguilles affolées
qui marquent déjà
un tempo de record du monde
Toutes les villes
que ce lundi
traverse impose leur petite
leçon de choses
Je repense à ta plante
tropicale qui trône
dans la salle de bain
Ses tiges sont devenues
gigantesques
et on dirait que les racines
poussent de l'autre côté
du miroir devant lequel
une certaine idée du temps
qui passe repose
mine de rien
Qui de l'œuf et de la poule ?
Quoi après la migraine ?
Le burn out ou le Doliprane ?
Pourquoi cette culture du clash
n'aurait jamais pu inspirer
le mouvement punk ?
Comment le futur
serait-elle la seule chose
qu'il vaille la peine de commencer
par ces temps qui courent
au devant de leur propre succession ?
Y-a-t-il eu de l'eau sur Mars ?
En reste-t-il des traces ?
Où le ruisseau de nos petites médiocrités
prend-il sa source ?
Quand la rumeur des chaînes
d'infos en boucle
a-t-elle remplacé le blanc de facteur
les brèves de comptoir
l'amour des journaux hippiques
les sottises aimables
cette façon de faire des chansons
idiotes et utiles
pour en finir provisoirement
avec les méchancetés du moment
qui se regardaient danser
dans les yeux du cholestérol ?
Dans quelle mesure ce dimanche
est-il déjà une nature morte ?