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Lubies - Page 88

  • Il était une fois deux daims couchés dans le chaume...

    Alors, me dit-elle,

    mon père a allumé

    une de ces cigarettes

    ultra-light.

    Et c'est là que je les ai vus.

    Ces deux daims couchés

    dans le chaume...

    Déjà à cette époque,

    du point de vue

    de vos poumons,

    bien sur,

    la cigarette light

    n'existait pas.

    Bien sur... 

    Ensuite il s'est mis

    à chanter ce morceau

    de Frankie Goes To Hollywood.

    Comment c'était...

    The Power of love.

    Voilà, c'était ça.

    La veille, mon petit ami

    de l'époque

    m'avait entraînée

    dans ce club

    parait-il très à la mode. 

    Parait-il...

    On avait un peu dansé

    là-dessus. 

    C'était une danse

    même pas une danse.

    C'était plutôt

    le genre de slow-braguette

    précieux et ridicule. 

    A un moment, j'ai eu envie

    de lui demander

    combien de bosses avait

    le chameau.

    Et combien, aussi, 

    les dromadaires.

    Mais je me suis finallement

    abstenue.

    Mon petit ami de l'époque

    voulait tellement, 

    comme beaucoup

    de ses semblables

    en ce temps-là,

    rater sa vie 

    sur les hauts plateaux

    désertiques

    de cinéma.

    Il était bien trop

    timide pour embrasser

    une carrière d'acteur

    pour de vrai.

    Les filles,

    n'en parlons pas.

    Alors il passait l'essentiel

    de ses nuits

    à s'esquinter

    les baskets

    sur les pistes de danse

    de tout un tas

    de clubs,

    parait-il très à la mode.

    Parait-il...

    Bien sur, je savais 

    pour le chameau et ses deux

    bosses.

    Que le dromadaire

    n'en avait qu'une.

    Bien sur...

     

     

     

  • A l'endroit où les superlatifs deviennent liquides...

    J'avais pris l'habitude,

    me dit-il,

    d'embrasser son cou

    à l'endroit

    où les superlatifs

    deviennent liquides

    et ses jambes de danseuse

    sortaient du plafond.

    Ensuite, nous partions

    en voyage

    sur un pneu

    de tracteur

    qu'un gros chien

    tirait

    depuis le bord

    de la rivière.

    Il était doux le vent.

    Au rond point,

    à droite,

    le jour s'approchait,

    silencieux,

    et, déjà,

    quelque chose de sombre

    menaçait nos visions

    d'enfants de la rue.

    Nous, tout ce qu'on

    voulait,

    alors, c'était

    grandir.

    Je comptais sur ses vices

    pour nous ramener

    à la maison...

     

     

  • Tout ça qui n'était qu'une odeur de terre lourde, après la pluie...

    Il a suffit, me dit-elle, 

    chaton,

    que ma langue 

    se mette lentement

    à explorer le fond

    de ta bouche,

    à la façon,

    tu sais,

    de cette femme

    qui agitait la tête-

    nous venions

    de la doubler

    aux quatre chemins.

    Là, non loin

    de ce virage

    où, tu dis toujours,

    tant d'amis

    ont à peine eu

    le temps

    d'écrire leur lettre

    d'adieu.

    Tu dis toujours...-,

    oui, cette femme

    qui agitait la tête

    en tapant

    d'un air brumeux

    sur son volant

    et c'était comme si

    elle venait de rompre,

    pour la dernière fois,

    avec quelque amour

    de jeunesse...

    Il a suffit, me dit-elle,

    chaton,

    que ma langue

    se mette lentement

    à explorer 

    le fond de ta bouche,

    pour que tout ça

    me revienne.

    Tout ça qui n'était

    qu'une odeur de terre

    lourde,

    après la pluie...

    Il me semble

    qu'à force

    de faire des choses

    pareilles,

    les simples d'esprits

    font un pas en arrière...