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Lubies - Page 6

  • Bouche à bouche mélancolique

    L'heure où le ciel 

    marchande le sable 

    contre une pellicule 

    fine et poudreuse 

    Dessous lentement 

    la plage s'endort 

    Rumeurs de la mer

    qui rumine son indigestion 

    de touristes 

    Hacqueville et son ameublement 

    de familles de couples

    et plus rarement

    quelques personnes seules 

    exposées sur leurs serviettes 

    dans cette foire à tout

    des vacances au mois d'août 

    Ici ce couple de quasi centenaires 

    venus seulement se tremper 

    les jambes jusqu'à mi mollet 

    avant de regagner l'ombre 

    de leur maison de famille 

     à l'abri de ces thés rares

    où infusent encore 

    un reliquat de dandysme 

    des envies de pique -nique

    sans déambulateur 

    comme on ranimerait 

    des mots refroidis 

    dans un bouche à bouche 

    chaste et mélancolique 

    en restant à l'écart 

    de cette époque décidément

    vendue à la vitesse 

    Là le burn out raconté 

    dans ses moindres détails 

    par cette femme dont la main

    gauche tremble

    rien qu'en y repensant 

    et au bout une cigarette slim

    qui fume jusqu'aux ongles mauve

    gothique de sa meilleure amie 

    déjà en train de regretter 

    ce séjour dépressif all inclusive 

    Plus loin au bord de ces amas 

    de roches qui bientôt cesseront 

    de s'aboucher avec l'eau

    une jeune mère de famille 

    répond à sa fille 

    la voix lasse d'une chanteuse 

    de LA sous Fentanyl

    La fillette hurle 

    " J'ai ramassé cinq cailloux 

    pour toi en une seule 

    journée tu te rends compte "

  • Marée basse

    Où va le monde 

    quand à marée basse 

    les yeux de cet enfant 

    jardinent encore les nuages ?

    Plus qu'un quart d'heure 

    les parents se montrent toujours 

    aussi catégoriques 

    comme s'avance le moment

     bricolé d'ombres et de parasols

    de trinquer au temps 

    qui reste 

    Plus que deux trois mots

    à vivre 

    avant que les adultes reportent

    ses envies de mettre à sac

    l'immense château de sable 

    édifié par deux plus grands 

    que lui

     

    Depuis que la Manche a regagné 

    le large

    la plage appartient à la vase

    et non l'inverse 

    Là dessus les pieds s'enfoncent 

    L'homme appartient à la nature 

    et non l'inverse 

    Une fois franchie cette frontière 

    comme on ne sait plus 

    ce que le sable mange

    tellement ses mains sont dégoûtantes

    une prairie d'algues vertes

    sur laquelle l'enfant

    aimerait tant 

    pouvoir glisser 

    jusqu'à ce que ses souvenirs 

    de la semaine achèvent 

    de le faire grandir 

    au milieu des vagues 

    Oui mais il faut partir 

     

     

     

  • Les lèvres de la grande eau

    Le cri des mouettes s'écrase 

    contre la mousse de mon café 

    Parfois la mer nous calcule 

    avec un peu trop de facilité 

    Derrière le phare les vents 

    font claquer les voiles 

    Un break se gare en bas 

    de l'immeuble à l'intérieur 

    l'amour c'est du bruit 

    une certaine idée de la guerre 

    en couleurs et le monde ignore 

    encore si la pêche sera bonne 

    La Manche se moque bien 

    de nos coudes à coudes de fourmis 

    Nous ne sommes que des mains 

    qui écrivent dans le sable 

     

    Le cri des mouettes s'écrase 

    contre la mousse de mon café 

    Une fille en tongs part

    promener ses tatouages 

    probablement le long de la côte

    Si je devais choisir une image 

    probablement j'écrirais qu'il s'agit 

    d'une actrice sur le point 

    d'incarner le rôle principal 

    de la première série inspirée du film Alien 

    Il fait frais ce matin 

    Son t-shirt s'agite on dirait qu'il regrette 

    de s'être un peu trompé de destination 

    Mais on ne peut pas jouer 

    si on ne joue pas 

     C'est elle qui a eu le rôle alors voilà 

     

    Le cri des mouettes s'écrase 

    contre la mousse de mon café 

    Tu dis les mouettes 

    elles me font peur

    Je comprends en regardant 

    ce gros chat

    Sa langue qui titube 

    après avoir dansé une partie 

    de la nuit dans une boîte de sardines 

    Le cri des mouettes s'écrase 

    contre la mousse de mon café 

    Parfois je suis si effrayé 

    par l'avenir 

    Tu me dis toujours 

    Tu sais que tu peux prendre une photo 

    de tout ce que tu n'as pas encore vu

    en imaginant la place que tu occuperas 

    dans un futur proche 

     

    Je fume mes petites bouffées d'angoisse 

    Contre le vent s'épuise quelques lambeaux 

    de mélancolie et tout ça glisse sur les toits 

    mieux qu'une caresse de plumes 

    Si j'écrivais de la poésie 

    chaque cigarette après l'amour 

    ferait la fortune de tous les chiffonniers d'Emmaüs 

    d'ici aux terres désertes qui jouxtent 

    les lèvres de la grande eau ...