Lubies - Page 3
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Il pleut comme un lundiLe ciel a des jambesUne rumeur mouilléeElle suffit à adoucirle murmure des feuillesEt après alors tu reparscomme le refrain obscurtrébuche de la bouched'une chanteuse néedans le ConnecticutBenoit Jeantet
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Ce truc qu'on appelle la vie...
On peut l'apercevoir
quand les ténèbres
s'abritent derrière
ces écorces
qui échappent
à toute description
Longtemps j'ai cherché
à porter sur le monde
un regard un peu
plus neuf
A force de se demander
ce qu'est ou
ce que serait
la poésie
on finit par
perdre de vue
l'objet qui lui est propre
Ce truc qu'on appelle
la vie
On peut le voir
Pourtant on peut le voir
courir en plein jour
à sa façon désordonné
sans qu'il ne cherche
l'adhésion
de tous les oiseaux
d'ici à Babylone
C'est seulement
qu'il aime courir
pour le plaisir simple
de la course
C'est seulement qu'il
s'élance
désorienté et presque
euphorique
Loin des débats
meurtris et trempés
du corps et du coeur
Ce truc qu'on appelle
la vie
Benoit Jeantet
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Aujourd'hui les rêves se cuisinent en plein air
Aujourd'hui les rêves
se cuisinent en plein air
Le printemps s'attable
mollement en terrasse
Certains garçons
anticipent d'ici
le profit qu'ils pourraient
tirer de la mise
en conformité
de leur désespoir viril
aux normes de citation
de l'air du temps
Aujourd'hui les rêves
se cuisinent en plein air
Le monde est toujours
aussi effrayant
Une fille commande
son petit déjeuner
On dirait que
tous les secrets
de ce jeudi
reposent lourdement
sur sa tête
Je sens bien
qu'elle n'est pas dupe
du jeu stupide
que la vie nous impose
Le printemps jette
son petit coup
d'éponge en terrasse
Peut-être essaie-t-il
de nous faire croire
qu'il est encore possible
de dissiper la nuit
avec des couleurs ?
Benoit Jeantet