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Lubies - Page 7

  • Refuge

    Les sardines brillent
    comme une carte postale
    Je prête une oreille
    tout à fait indifférente
    au cliquetis méticuleux
    des mâts que la houle
    agite et nous sommes
    face à face un café
    une carafe d'eau fraîche
    devant le rail d'Ouessant

    J'imagine sur la lande
    le lapin d'Alice
    Un vélo passe
    il court sur son passage
    l'escorte pour rester
    raccord avec son rôle
    de spectacle vivant
    à lui tout seul

    Tes lèvres s'échouent
    en cale sèche
    sur le rebord de nos migraines
    qui peinent ce jeudi matin
    à se tenir en équilibre
    Et c'est là juste avant
    le souvenir de ce square
    où me disais-tu hier soir
    qu'un peu trop bu
    qu'un peu trop de clopes
    Qu'un peu trop de tout
    et pas assez d'autre chose
    ce square cet après-midi là
    quand tu le voulais
    vraiment ce garçon
    ce square quand
    tu as donc fini par
    oser tes lèvres
    vers les siennes
    Ce square quand tu as
    remarqué à quel point
    ses lèvres à lui et aussi
    sa bouche de seize ans
    grand trop maigre
    et brun à couper le souffle
    temblaient comme un caniche
    devant un refuge

  • Doute raisonnable

    Vers la forêt de Saint-Germain

    La nuit recule dans l'ombre 

    et le sang des bêtes 

    Toujours cette peur

    de la piqûre qui vient 

    renaître avec les premières 

    lueurs de l'aube

     

    Les gares ont fini

    leur gymnastique suédoise

    Une rumeur de chasse neige 

     et déjà sur l'autoroute 

    tout est en place 

    Avant que le jour 

    ne se lève pour de vrai 

    c'est là que nos rêves 

    priés de prendre

    une douche froide

    viendront déverser 

    leurs chiens courants 

    leurs chats crevés 

     

    Tu pourrais lire en moi

    comme dans l'amertume 

    du café mais pas

    ce matin puisque 

    si on évite de nommer 

    les choses elles cessent 

    aussitôt d'exister 

     

    Tu soulèves une hypothèse 

    En l'absence de preuves

    inattaquables

    chaque retour de vacances 

    bénéfice encore 

    d'un doute raisonnable 

  • Ascenseur social

    Je suis cette plage 

    près du Mail

    de La Rochelle 

     Un flic en flac

    d'eaux flapies

    que la houle

    ne parvient plus

    à bousculer 

     

    Je suis ce prof

    plus tellement 

    en vacances 

    J'ai observé les maisons 

    dans la plaine charentaise 

    Supposé 

    que par ici

    l'ascenseur social 

    avait dû rester

     longtemps bloqué 

    au premier étage 

     

    Je suis ce cirque minuscule

     Une moitié de semi remorque 

    Deux tigres un chameau 

    leurs impatiences 

    de ménagerie 

    pliées en quatre 

    dans ces cages

    aux barreaux rouillés 

    de merde et de pisse 

    qui zigzaguent à l'arrière 

    de maigres roulottes 

     

    Je suis cette faim

    cette soif

    Je rêve de m'assoupir

    sur ma fin de race 

    De mêler mes fatigues

    mes poussières 

    à cet horizon 

    de maïs grillé