Lubies - Page 5
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Certains signesne trompent pasLe café coulejusqu'à rendrele parfum de l'aubeun peu plusélectriqueEt comme çagoutte après gouttenos yeux se lèventpresque ensemblealors qu'ils se sontseulement rencontrésla veille qu'il étaitdéjà trop tardCertains signesaimeraient fairecomme s'ils étaientles superstarsd'une superproductionminimaliste et cosmiqueOui mais nonEt comme çagoutte après gouttenos yeux se lèventpresque ensemblealors qu'ils se sontparlés contreune nuit dans unrecoin pluvieuxde la villeet y sont restésCertains signesne cherchent pasà prévenir la coursedes mensongesA la radio le cafécoule et les nuagesiront toujoursplus vite que le cielOui mais bonNos yeux se lèventLes yeux d'une filleet d'un garçonqui se sont parléscontre une nuitpuisque on parletoujours à quelqu'unet y sont restésIls ne se sont pasmariésCe n'est pas un coupleIls sont plutôtcomme frère et soeurBenoit Jeantet
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Non, ce samedi n'a plus le goût des grands espaces
Je regarde ce qui se trame derrière
la fenêtre du salon
Et oui là où l'amour passe
l'herbe ne repousse pas
C'est sans doute parce que
ce samedi n'a plus le goût
sauvage et puissant
des grands espaces où
les pas de l'homme se sont
tant de fois égarés
à la suite d'étoiles
parmi d'autres étoiles
qui brillaient sans donner
beaucoup de chaleur
Benoit Jeantet
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Tous ces morceaux brisés à travers le monde...
Elle me dit
tu sais chaton
j'ai encore besoin
d'apprendre
à aller voir
ailleurs
qui je suis
Elle me dit
tu sais chaton
à chaque fois
que je pense
savoir
ce que je veux
alors la vie
me fait une farce
Elle me dit
je m'interroge
impitoyablement
sur cette manie
de nous prendre
en photo
la bouche
en cul de poule
ou cachés
derrière
des lunettes noires
Elle me dit
l'amour
si ça existe
ressemble
à tous ces morceaux
de moi
brisés à travers
le monde
Benoit Jeantet