Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lubies - Page 192

  • Cicatrice

    Une fille qui pianote avec fièvre
    des sms dans le train,

    assise en tailleur,

    les pieds sur la banquette.

    Une amorce de révolte

    mais dans l’ensemble l'air soumis.
    De suite je pense- je me persuade

    que ses rêves se sont courbés
    petit à petit ou peut-être pas.
    Une fille, ses doigts semant
    des tas de sms et moi et 
    mes fantasmes, bien pensants
    ou je ne sais quoi du même genre.
    Quand on est dans cet état-là,
    on aimerait que toutes 
    les filles soient maladroites,
    fragiles.

    Etonnantes et dansables, aussi,

    bien sur, après.
    Oui sans doute que
    la misogynie se niche

    sans même qu’on y prenne garde

    ou alors…
    dans ce genre d’interprétation

    pour solistes besogneux.

    N’aurez qu’à vous dire

    il aime Modiano et gnagnagna
    N’aurez qu’à vous dire…

    Une fille qui pianote avec fièvre

    des sms dans le train

    et mes yeux comme une cicatrice
    dans le reflet de ses lunettes.

  • Le versant prometteur de la brume

     

    Oh mais qu’il me semble loin le temps où je pouvais secouer les nuages d’un simple coup de tête. Très loin. Trop loin. Il n’y a pas de mot pour tout et la vie, plus j’y pense, oui la vie a cessé depuis longtemps de fréquenter la beauté. L'a-t-elle jamais fait, d'ailleurs? On nous ment. Les complots sentent mieux que personne de quelle manière nos journées évoluent...Les complots, me dit-elle...On nous ment, me dit-il...

    J’en étais là. A considérer mon existence comme un grand blessé dans les parties basses. J’en étais là quand le serveur s’est avancé. J’entends encore sa voix qui se fige. Sa voix qui se fige juste avant l'orage, qui se fige comme n'importe quel musée de l'histoire du folk à l'usage des vieux dentiers - et des moins jeunes, aussi- mais oui, lapin, des vieux dentiers de la littérature, la grande, celle qui n'a jamais su rouler les r, mais vous refermera toujours la porte au nez sans même que vous ayez eu le temps de sentir le piège. La voix de ce serveur qui se fige et bientôt glisse- glisse-glisse sur le versant prometteur de la brume. Glisse sa voix qui aimerait se fêler comme un complexe d'abandon. Oui mais pas ce soir. Oui mais non...

    Triste horizon. Au troisième ciel, en partant de la gauche, ta bière viendra cailler au jabot de ce lundi. Nous parlons bien d'un lundi aussi mal réveillé qu'on sait. Pathologie baroque de ce monde. Mort brutale d'un entraîneur de rugby. Il s'agit de l'entraîneur de l'équipe du Munster.  Je n'ai pas envie d'en apprendre d'avantage...  

    Tu m’as donné rendez-vous dans cette brasserie qui sert à toute heure du jour et de la nuit. Ton coup de fil était si soudain que j’aurais du me douter. Me douter que l’amour, depuis longtemps, cachait son vrai visage. Oui, j’aurais du me douter…

    Tu as poussé la porte avec lassitude. Et alors j’aurais du…Ta façon de pousser cette porte comme à regrets, oui, j’aurais du me douter. Oublié le monde où régnait en maître absolu ton sourire. Tu m’as adressé un de ces bonsoirs poste restante....et déjà ta voix sonnait creux, endormie, occupée ou au travail... Le temps que tu t’asseyes de trois quarts, même pas en face...c’était comme si notre histoire venait de perdre sa petite part de sacré. Mais après tout qu’importe, l’insouciance ne dure qu’un temps. Et pour les promesses et la confiance, les rêves suspendus, oh mais de grâce, n’oubliez jamais que la lucidité, petit à petit, ça vous tue…

  • ...

    Un jour, toi aussi, tu devras répondre à l'appel de la route, m'a-t-elle expliqué. Et tout ça s'est dit en quelques battements de cil. Et tout ça se passait en octobre, ce mois humide sans plus et pourtant, là-dessous, c'est encore et toujours l'ancien monde attendant le messie qui s'arc-boute. Que sont les tendresses de la nuit, que deviennent tous ces ciels boueux en regard de nos murmures oubliés...

    Que disais-tu déjà quand nous faisions l'amour, encore pas mal ignorants de ces choses, couchés sur la remorque de foin? C'est quoi être un héros, t'ai-je demandé, juste avant. L'herbe- c'était du regain séché trop vite- t'égratignait les cuisses. Ouais, dis, c'est quoi? 

    Projets de départ sans cesse remis au lendemain. Le temps existe. Il passe soit trop vite, soit trop lentement.  Parfois, n’être qu’un emplacement publicitaire à louer...

    Tu portais cette jupe et il était inutile d'aller contre. Tu m'aimais. Je t'aimais. Nous ne manquions pas encore d'amour. Pourquoi n'ai-je pas pensé à retirer mes chaussettes? 

    A quel moment me suis-je réveillé au milieu de cette séquence urbaine ? Depuis quand suis-je à marcher dans cette ville où mes souvenirs ont sans doute commencé à pourrir ? Est-ce pour leur échapper, eux et leur odeur de pourri, que je baisse la tête...

    C'était merveilleux d'attraper des puces comme nous échangions des sourires à la sauvette, sans savoir la menace de cet age.  

    Tu jettes un manteau sur mes yeux. Je courbe la tête et ton cerveau déjà se différencie, semble beaucoup plus important. Des idées fuguent au milieu des flocons en tourbillonnant...

    Je crois que tu m'en as voulu quand d'étranges boutons, après coup, ont commencé à te pousser sur les fesses. Un peu partout sur les fesses. Oui. Je crois que...

    J’ai rejoint le trottoir de l’ombre.  Quand était-ce? Tout ce que je sais c'est que le flou a fait place nette alors que je remontais le cours des événements...