...
Des rêves justes,
ou alors juste des rêves?
Pas certain
que tout ce gris
autour
finisse par se noyer
dans leur ciel
d'écume nocturne
Pas certain du tout
la tristesse est une couleur
trop neutre
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Des rêves justes,
ou alors juste des rêves?
Pas certain
que tout ce gris
autour
finisse par se noyer
dans leur ciel
d'écume nocturne
Pas certain du tout
la tristesse est une couleur
trop neutre
Il y a bien des années de cela, c’était même il y a fort-fort longtemps, à l’époque où les gens se sont mis à construire des autoroutes pour faciliter l’invasion de leurs voisins, il y avait deux églises-deux grands partis-deux courants de pensées, deux blocs tellement opposés qu’ils en sont venus à se faire une guerre sans merci. Ah oui, dernière chose. Cette autoroute servait de frontière entre les deux blocs.
Rien de bien neuf. Il y a, il y a eu, il y aura toujours deux églises, deux tout ce que vous voulez. Et toujours l’une prétend, a prétendu, prétendra, être celle qui fuit la puissance et pardonne, celle qui tient la droite voie des apôtres. Et, qu’à l’inverse, l’autre est celle qui possède et écorche.
Bien sur. Mais puisque vous ne semblez ni appartenir à ce monde ni d’ailleurs plus tellement au votre, sachez que deux immenses fosses communes, deux fosses communes de près de 400 km chacune, longent cette autoroute. Mon autoroute. Notre autoroute...
« Vendredi. Vers 9h. L’air pince rudement. Il fait très froid. Repensé toute la nuit à cette phrase : en voulant effacer ses traces, on les multiplie souvent. »
Quand je suis montée dans ce train, je l’ai fait comme on décide de prendre un marteau pour se taper sur les doigts. J’avais tiré une enveloppe au hasard et je me demandais si elle allait contenir la bonne aventure. Rien. Ni personne. Même pas ça à fuir. Seulement envie de faire avec mon ombre de grandes images changeantes sur la terre des chemins. En montant dans ce train, j’avoue, je souhaitais me perdre dans l’anonymat d’un idéal simplifié. Me perdre dans les méandres de ces villages peuplés de mobil home, tu sais, lorsqu’on accepte de partager sa vie avec son désespoir et que chaque soir on s’en revient à la maison en traînant la savate après lui. Et qu’il y a comme une fatalité érotique dans l’air. Tout ça qui fait qu’on commence à pétrir sa vie comme une pâte molle...
Je te montrerais bien
cette photo de l'océan
celle prise
depuis la digue...
Quand je suis montée dans ce train, j’ignorais que j’allais croiser tous ces gens. Tous ces gens à la fois bizarres et merveilleux. J’ignorais jusqu’à quel point les voyages vous défont. Vous détricotent. Et, finalement, vous rhabillent avec des fringues un peu plus adéquates, des vêtements « d’avantage faits pour par là. » Au contact de ces voyageurs qui savaient tous qu’avant de commencer à vivre, il faut déjà avoir appris à mourir, au bout d’un moment, j’ai fini par comprendre pourquoi j’avais eu raison de partir et aussi, et surtout, dans quelle mesure, si j’étais restée là-bas à attendre que mes angoisses se dissipent, à regarder passer ma vie en vidant des caisses de bière, j’aurais fini éclaboussée à mon tour par le scandale de ma solitude...
...mais à quoi bon
puisque tu ne sais
toujours pas nager...
Quand je suis montée dans ce train, j’ignorais que c’était un train qui marchait encore à la vapeur. Le genre de trains qui s’arrêtait de temps à autre pour s’alimenter en eau. J’ignorais que j’allais choisir de descendre au cours d’un de ces arrêts. Et que cet arrêt était le dernier avant-poste avant l’inconnu.
(Extrait de Fade to Grey. Collaboration avec l'artiste Catherine Arbassette)