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Lubies - Page 195

  • Je ne suis pas folle

    Je ne suis pas folle

    Mais non

    C’est juste que je me trompe beaucoup

    La vie est un petit luxe triste  

    Mais non je ne  veux pas je refuse d’entrer

    Dans cet hôpital

    Parce que c’est comme si soudain la vie doutait de vous

    Je n’ai pas mal

    Pas au point de laisser aller mes larmes

    A toutes les eaux du monde

    Je refuse qu’on m’interne avec les 

    Vieux les parias de la république invisible les fous

    Qui veulent vous apprendre à faire danser les raisins secs

    Et ça s’entend d’ici leurs sentences monotones

    La vie,  c’est du saut d’obstacle

    T’as beau prendre ton élan pour mieux sauter c’est souvent que

    Tu buttes sur la barrière

    Le manque de quelqu’un

    De quelque chose le manque

    Qu’on ne peut pas combler

    Au moins ça aide

    Ça aide à se construire de beaux souvenirs

    L’important dans la vie, c’est ce qui manque

    Même si on s’arrache le foie

    Même quand on voudrait s’éclater  la rate

    Même quand la vie c’est rien que du bruit dont on se détourne

    Même quand on est triste et qu’on se dit 

    Décidemment je ne fais rien comme il faut

    Non

    Je refuse je n’irai pas dans cet hôpital

    Leurs blessures de soldat de plomb, ça casse l’ambiance

     Qu’on me laisse vivre avec mes crises d’angoisse.

     

    (extrait de Fade to Grey. Texte écrit d'après les toiles de Catherine Arbassette.)

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

  • Falsifiable à souhait

    L’amitié est un pèlerinage, me dit-elle, et parfois ça s'apprécie comme la Suze, fraîche sur un glaçon. Je me souviens de cet ancien sentiment d'amour. Comme il était plutôt joliment vêtu. Falsifiable à souhait. Désir et manque, il me semble que tout est là. Café soluble dans les passions univoques. Branches de saule coupées tout récemment. Si longues qu'elles déployaient leur feuillage sur le rebord de nos migraines. Depuis la nuit dernière, les températures accusent le coup. Je me sens plus craintive et le monde devient plus sombre. M’ont manqué, hier, par ordre de grandeur. La caresse du vent dans les herbes. Le bruissement des cascades. Ce matin, un peu partout dans l'automne, le ton monte. Tout cet élan vers la vie, je vous le laisse, ça fait trop mal. Je vais me retrancher derrière un mur de savon. Prendre un bain aller-retour. Profiter de ces minutes où les rêves s'attardent encore dans la mousse.

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

  • Poème tout seul

    Le destin n’est qu’une ligne tracée

    Dans le premier regard

    Et parfois  dans ce regard  la nuit s’attarde

    Alors la nuit est tiède et elle sent le feuillage

    Alors la nuit a l’air fragile il fait froid et ses os

    Font  un poids léger sur la neige

    Alors le vent se lève depuis l’est vers la mer

    Le vent secoue les torches

    Le vent n’en finit pas d’accompagner les feuilles

    Il claque dans les voiles comme un reproche

    Pèse le pour pèse le contre

    Et surtout il prend soin de mettre la colère

    Et la haine dans la balance

    Oui mais toi

    Tu as peur

    Tandis qu’un cirque passe

    Paresseux il s’écoule dans le fil de brume

    Et l’eau sombre de la nuit

    Oui mais toi tu dirais une péniche

    Repartie pour nulle part

     S’échouer en cale sèche

    Oui mais toi tu sais que

    C’est mal de regarder le monde

    Derrière les vitres de l’abribus

    Oui mais toi

    Tu voudrais  tant tu as envie

    De t’échapper d’ici en profitant  du vent  

    A la faveur du cirque

    Oui mais toi 

    On t’a bien dit que

    Qui couche avec des chiens risque d’attraper des puces

    Et puis il y a cette fille et à son bras un oiseau s’impatiente

    Mi colombe mi charognard

    Et tu sais que cet oiseau-cette fille

    Reviendront un soir

    Cogner du bout de l’aile

    Et qu’après ça toi aussi tu voleras à leur suite

     Puisque c’est la nuit parait-il qu’il faut croire

    Croire à la lumière

    Croire à l’oiseau bleu

    Y croire au moins jusqu’à l’autoroute.

     

    (Photo Frédérick Jeantet)