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Lubies - Page 75

  • Elle disait: ce climat de défaite, à la fois lyrique et désabusé...

    Les films, me dit-elle, alors

    on les construit,

    toujours,

    en référence 

    au premier. 

    Il n'y a aucun 

    complexe

    de culpabilité

    à avoir

    et les amateurs 

    de morale

    feraient mieux,

    justement,

    d'étudier

    la noblesse

    du tout premier

    film.

    Mais ils préfèrent

    entretenir

    la flamme pourpre

    d'une séquence-

    tu dirais une suite 

    de flash-backs

    démarrée

    sur un bateau

    en feu-

    submergée de violences

    et de répression

    et de personnages

    soit disant

    compris

    de l'intérieur. 

    Ils préfèrent rêver

    qu'ils filment

    la révolution

    comme un pays

    étranger. 

    Je n'ai pas du tout envie,

    me dit-elle,

    de me lancer

    dans un long

    discours

    ni un plaidoyer.

    Pour l'instant,

    je n'éprouve même pas

    le besoin

    de me livrer à une

    auto-exégèse

    épuisante

    au point d'éparpiller

    l'attention. 

    Les films, me dit-elle, alors

    on les fabrique,

    toujours,

    dans ce climat 

    de défaite,

    à la fois

    lyrique et 

    désabusé,

    avec quelques points

    de suspension

    pour faire

    référence

    à la mélancolie 

    du premier...

  • Elle disait: le peuple, vous en avez plein la bouche...

    Les rêves nous glissent

    entre les doigts...

    C'est l'heure de l'eau sale

    et tu erres dans

    ta cuisine,

    la braguette ouverte. 

    Tu aimerais mettre

    au garde à vous

    des images rassurantes.

    Par exemple,

    tu songes aux seins

    de ton ex.

    Toi aussi, tu as pu

    y croire avant

    qu'ils ne disparaissent...

    Elle disait: le peuple,

    vous en avez 

    plein la bouche.

    Des idées de révolution

    attendent patiemment,

    sur le bout de vos

    langues,

    deux ou trois

    indications

    de mise en scène. 

    Mais mettre en scène,

    après tout,

    c'est aussi comprendre

    ce que disent 

    les personnages,

    ce qu'ils pensent,

    ce qu'ils pourraient aussi

    ressentir si on

    prenait la peine

    de leur laisser

    la parole.

    Elle disait: le peuple,

    tous les matins,

    tu te lèves, tu ouvres

    la bouche

    et tu craches ton film

    sur le trottoir. 

    Et puis, un beau jour,

    on ne sait même plus

    par où ça

    commence,

    ni comment elle finit,

    cette histoire-là...

    Les rêves nous glissent

    entre les doigts.

    C'est l'heure de faire

    la vaisselle...

     

  • Au firmament des hommes maussades...

    La légende dit

    qu'un beau jour,

    alors,

    nous reprendrons

    le train...

    Et bientôt, on écrase

    un dernier mégot

    dans le cendrier

    de l'attente.

    Ensuite, il est temps

    d'occuper une place

    envahissante

    parmi les autres

    voyageurs...

    La cité pleine de rêves

    n'existait pas. 

    L'existence a fait

    de nous

    des petits propriétaires

    de nos frissons,

    à peine capables

    de se protéger 

    des profondeurs.

    De la puissance du

    ressentiment...

    Et puisque

    le dernier morceau

    de musique

    à avoir survécu

    au grand moment

    d'économie unique,

    c'est ce blues

    fauché par la 

    maladie

    à six mois de la retraite...

    Et puisque tous les

    blues du monde

    sont des chants

    de travail

    qui culminent

    au firmament

    des hommes maussades,

    alors,

    nous nous endormirons

    dans l'insouciance

    sans trop de

    certitudes

    du linge qui pend

    aux fenêtres

    en signe de rébellion...