Les cachalots restaient sans explication...
J'ai marché dans des forêts profondes, me dit-il. J'ai vécu le beau revoir. Les brames et les coups de fusil mesquins qui claquent haut dans le ciel qu'on croyait pourtant solide. J'ai marché dans les grandes villes. Toutes les saisons s'y confondaient. Ouais. Dans certaines villes, parfois, une petite neige courte se mettait à tomber sur les couples prisonniers de la canicule. Et puis j'en ai eu assez de ça. J'ai fait des films là où d'autres faisaient du cinéma. Mon premier script? L'histoire d'un sachet de croquettes pour chien, filmé à bonne distance comme la fin d'une journée monotone que coulerait, par exemple, une femme repliée farouchement sur son sens du devoir, jusqu'à ce sourire sans calcul venu lui caresser les joues tutu-nunu...Un jour, j'ai enfin divorcé d'avec cette fille capable de minauder mieux que toutes les Juliette Binoche réunies et dont la vulgarité surpassait les tics de langage d'un présentateur de JT. Je me suis acheté un pantalon cargo. Marron. J'ai marché dans la mélancolie toutes voiles dehors. Quand un pêcheur a faim, il se plaint du vent. Devient pessimiste comme la gauche de gouvernement. J'ai détesté la mer, le sel des océans. Toutes les sirènes venaient de tribord. Les cachalots restaient sans explication. Mais malgré tout. Ouais. Même en vertu de la foutue loi du silence, mec, je me souviens de tout...