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Thérapies brèves...

Des serpents se sont mis à remuer dans mes yeux comme des thérapies brèves...

Hier. 18H. Il pleuvait de façon assez idiote, jusque dans les couloirs du métro. J'ai joué de la country toute la sainte journée, me dit-il. J'ai béni les grenouilles. J'ai sifflé du blanc de facteur. J'ai lissé, encore et encore, mes sourcils plats. Je t'ai acheté des Tuc, sinon...

Des serpents s'agitaient dans le bocal de mes addictions...

Aujourd'hui. 16h et quelques éclaircies. Elle est graisseuse à ne pas croire, me dit-il, cette table qu'aujourd'hui j'occupe au Chat Noir. Il ne doit pas être loin de 14h et c'est l'hiver rue Saint-Maur, alors prière de ne pas débrancher le chauffage, merci, oui, oui, toi là-bas, la jolie brune au cardigan presque parfait. Le Chat noir, c'est ce bar aux murs ocre avec son petit assortiment de serveurs chevelus-assoupis sur leur fin de race et un petit air qui doit aisément virer au junkie d'opérette quand c'est friday wear, qu'arrive l'heure de tirer des bords le long de la côte sauvage d'Oberkampf et que des escouades de mimes patrouillent sur les trottoirs pour inciter les fumeurs à faire moins de bruit, et même qu'au Chat noir la patine du comptoir chercherait à rivaliser avec l'harmonie hormonale de quelque cousine éloignée de la Havane, même que ça ne nous étonnerait pas.

Elle est graisseuse à ne pas croire, cette table qu'aujourd'hui j'occupe au Chat noir. Peut-être qu'on ferait mieux de se commander en vitesse un café de crise. Peut-être. Un café, tu sais, à la mousse rigoureuse. Un café, tu sais, d'une amertume de géomètre. Un café aussi strict et trendy qu'un morceau des Kinks, oui voilà. Et d'ailleurs, un morceau des Kinks, voici ce qu'au Chat noir on s'écoute. Et même que la voix de Ray Davies ça fait comme une ballade dominicale à la poursuite d'une jolie brune au cardigan presque parfait le plus mystérieux de la rue Saint-Maur. Oui voilà. Peut-être qu'on ferait mieux de se commander un café à même de nous apprendre, dans notre solitude exactement, les derniers détails de l'époque...

Des serpents achevaient de mourir. Si j'avais su, j'aurais fait quelque chose...

Un peu plus tard. Dans un souffle, elle a dit: passons à autre chose. Oui, c'est d'une voix à peine audible qu'elle a dit ça. Et, bien entendu, ça voulait dire: mon garçon, faudra que tu te fasses à cette idée que je n'ai jamais été qu'une rémission passagère dans ta vie. Oui, faudra. L'Europe pouvait-elle repartir sur des bases plus saines? Les passions tristes et les billets coupe-file arriveraient-ils, un jour, à s'entendre? N'empêche. Il a cessé de pleuvoir. Les larmes avaient pris le relais. Ensuite, ils sont venus livrer la dépression qu'entre-temps elle lui avait commandée...

Des serpents s'agitaient comme vous et moi. Et le vide résonnait dans nos têtes...

 

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