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Lubies - Page 52

  • ...

    Parfois, me dit-il,
    le mercredi matin
    te regarde avec ses yeux
    de pierre blanche
    Tu reprends à peu près
    la même place
    dans le train.
    Les filles sont maquillées
    comme des cambriolages
    Les garçons farfouillent
    dans la caisse à outils
    de leur smartphone
    Les unes alors
    le front moite
    aimeraient bien oublier
    ce corps que l'été
    déjà en avance
    d'angle en angle
    embarrasse
    Est-ce que le soleil
    a promis
    de leur rendre visite
    nuit après nuit?
    Les autres aiment
    toujours autant
    le confort public
    mais ils manquent
    de courage
    pour leur avouer
    le cœur entre les dents
    qu'ils ont épuisé
    les magies de l'enfance
    à courir après
    des roues de tracteur...

  • Le train t'apprend à (presque) tout quitter...

     

    La lande défile à très grande vitesse. Les morceaux des Smiths se confondent avec les champs de blé. Le blé est encore un peu vert. La voix de Morrissey a appris à mûrir en graine. Le wagon-bar est situé en voiture 5. Le printemps chante un arc en ciel entre deux formules et ton sandwich crudités. Prendre un train c'est encore écrire...

    Les charolaises reposent en paix. New Order joue Crystal et c'est comme si, par la seule grâce des machines, les foins avançaient d'un mois ou deux, oui, comme si le monde flottait dans une odeur, âcre et sèche, de moisson. Pourtant, le vert creuse partout la plaine. Sur le carré, juste en face, une adolescente, la frange sage et le nez au retroussé gothique, regarde la dernière saison de Game of Thrones. Mon voisin, la petite vingtaine, me demande " votre polo c'est un Fred Perry ?" La voiture bar est située en voiture 4. La gamine me soupire au visage un peu de son taboulé persil et menthe. J'ai surtout envie d'un café. D'écouter New Order en regardant tout ce vert devenir l'été. Ecrire, c'est se perdre de vue...
     
    A quoi ressemble les gares sur les quais du retour? Les gens s'enfuient dans le noir. Pour pleurer avec violence. Textoter, le doigt tremblant comme une bière artisanale, cette réunion de dernière minute qui les aurait une nouvelle fois mis en retard. Râler en regrettant la forme étrange des fumées. Se demander si les enfants ont fini leurs devoirs. Si une pizza les attend. Ou le souffle glacial de l'infidélité...La vie nous brise. Parfois, pas ça de vent pour venir vous secouer à l'intérieur. Nos rêves, quand il en reste, ressemblent à trois ou quatre petits messieurs étriqués. Même leurs yeux ont été jeunes avant vous. Le train t'apprend à (presque) tout quitter...
     
     
  • Nous cassons facilement...

    Oh dimanche, me dit-il, fais ce que je veux. Puisqu'il n'y a rien de mauvais à être bon avec soi-même. Oh dimanche...Quelle est la répartition des éléments fictifs et des détails " vrais"? Le monde réel n'est-il qu'une juxtaposition? Dans le fond, on s'en fout d'avoir un scénario très précis au départ. Oh oui alors, on s'en moque que la vie suive de très près son petit découpage technique. Oh dimanche, fais en sorte, pour une fois, que des comédiens non professionnels improvisent les joies et le bonheur, s'il en reste. Oh dimanche, nous sommes comme le cristal. Nous cassons facilement...