On voyage toujours de nuit...
Avalé un café vite fait
mal fait au Soleil,
me dit-il.
Un café trop amer
et toutes sortes
de choses
me sont revenues
en mémoire.
Le thermos de Papa
qui fumait
dans la Renault 12
Gordini
bleu Méditerranée
et tout ça se passait
dans les environs
de 1979,
sur le parking
de l'usine
Lapeyre,
un peu avant Vierzon.
Papa porte une barbe
de folkeux,
à l'époque
et la liquette
à carreaux
assez de circonstance,
une avec
des boutons pression.
Son Jeans
est déjà en route
pour le cimetière
des éléphants.
On voyage toujours de nuit.
Pour la première fois,
j'ai le droit
de m'asseoir
à l'avant de la voiture.
C'est qu'il y a
un truc
de la plus haute
importance
dont il faut
que je m'acquitte,
genre votre mission
si vous l'acceptez.
Passer les cassettes
de Dylan et de Cat Stevens
dans le magnéto.
Veiller à ce que
le volume
ne soit ni
trop fort ni trop bas.
Et, surtout,
respecter scrupuleusement
le road-book
musical de Papa.
A savoir: deux albums
de Dylan
pour un de Cat Stevens.
Et puis, vers 2h du matin,
remiser jusqu'au lendemain
Cat Stevens
dans la boite à gants.
A force, sa voix,
elle t'endort,
parait.
J'ai 9 ans.
A l'arrière, ma sœur
et mon frère,
pour une fois,
ont l'air de bien
vivre ensemble.
Et le café de notre père
fume déjà dans l'amertume
de mes souvenirs...