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Lubies - Page 55

  • L'amour étend ses bras...

    Quelque part,
    dans les marches du Nord de l'Angleterre,
    l'amour étend ses bras
    dans l'attente de la rédemption.
    L'amour te pardonne, mon garçon,
    toi qui t'apprête
    à quitter la ville
    pour courir le monde
    avec un mandat d'ambassadeur provisoire
    aux Nations Unies du son.
    Yeah Yeah Yeah...
     
    Quelque part,
    dans les marches du Nord de l'Angleterre,
    ton grand frère s'est vrillé
    le genou
    alors qu'il était en passe
    d'intégrer
    le Manchester City Training Ground.
    La bière, la musique et le foot,
    comme ça ne te suffisait plus,
    tu t'es mis à gratter ta guitare
    en inventant des notes
    qui n'existaient pas.
    Yeah Yeah Yeah...
     
    Est-ce vrai ce qu'ils disent?
    Dans la vie, rien
    n'est vraiment gratuit...
    La jeunesse s'agrège
    à quelques cris
    d'Apache...
    Wooooowooooowoooowooo
    Prononcez « wou-ou » et faites un peu
    durer les choses.
    Le temps nous file entre
    les doigts.
    Les garçons trichent,
    les filles font semblant...
    Lumière un peu rase ce matin
    et les rêves glissent toujours
    sur l'épaule d'un géant.
    Les fixations de leurs skis,
    bien qu'un peu dures,
    ne les empêchent pas
    de s'arrêter en chasse-neige
    sur les causes héréditaires
    de la mélancolie...
    11h et l'histoire démarre
    péniblement.
    Les cœurs ont beau inventé
    des histoires,
    la vie tricote ses petits dribbles
    de pute
    à la vitesse d'un mélodrame.
    Yeah Yeah Yeah...
     
    Comme avec ta mère,
    alors tu remuais le ciel
    et la terre
    de ton ancienne chambre d'ado,
    celle que vous aviez partagé
    dans l'indivision,
    tes enfoirés de frères,
    le putain de lecteur CD,
    l'ampli, leurs maudits crampons
    de recalés des pelouses
    et toi,
    et ça c'était donc
    tantôt
    quelque part,
    dans les marches du Nord de l'Angleterre
    après l'envol de quelques poussières,
    quand il y a eu ce silence gênant
    qui précède les grands départs.
    Et alors ta mère a ouvert la fenêtre
    en grand.
    Et puis elle a pleuré.
    Elle venait de comprendre
    que le dernier de ses garçons
    ne dormirait plus jamais
    dans cette chambre.
    Puisqu'il allait partir
    chercher la fortune
    en tamisant des refrains
    de pacotille
    jusque dans le cœur
    des jeunes gens,
    là où, de la roche à l'argent,
    les sales petites gouapes
    comme toi
    tombent toujours
    sur de sacrés filons.
    Yeah Yeah Yeah...
     
     

  • ...

    Si je tournais la page
    du passé,
    une bonne fois
    pour toutes,
    alors les nuages
    qui se regroupent
    vers la cime de la montagne
    de l'Ours,
    comme un troupeau apeuré,
    averti d'un danger
    ou de l'imminence
    de l'orage
    ou de je ne sais quoi,
    -après tout,
    j'ai beau faire le malin,
    je ne suis plus d'ici. 
    Je ne comprends plus rien
    aux atermoiements du ciel
    et de la terre...-,
    oui, si je consentais
    à faire ça,
    peut-être que je finirais
    par tomber d'accord
    avec le premier feu
    de cheminée
    que tout un chacun
    finit par croiser
    sur sa route,
    pour peu qu'il ait passé
    sa vie
    à suivre,
    une boue dans l’œil,
    le sillage d'un épandeur
    à fumier...

    (Photo Baptiste Jeantet)

  • ...

    Jusqu'à demain, me dit-il,
    le petit tribunal
    mélancolique
    va cafouiller du Nord au Sud
    en rentrant la tête
    dans les nuages.
    Plus qu'une seule question,
    comme une jeune brise
    assez violente
    pour faire bruisser
    le feuillage
    des pruniers sauvages
    que nos mains
    caressaient
    -imaginez un tracteur
    et des tas de gens
    autour.
    Imaginez un roman
    qui relaterait
    la même chose
    mais avec de l'audience...-,
    oui,
    plus qu'une question
    qui tremblera bientôt
    sur nos lèvres
    dans l'odeur du fumier
    et le souvenirs
    de tous ces tours
    pour apprentis magiciens
    de cheminée
    qu'un grand-père
    sortirait soudain
    de sa manche,
    mais il est trop tard,
    beaucoup trop tard,
    oui,
    une seule question.
    Est-ce que les souvenirs d'enfance
    et le bruit des vaches
    dans l'étable
    au moment
    où ton père
    d'abord nourrit
    ses bêtes,
    puis et le plus souvent,
    pendant ce même laps de temps-
    une première expérience
    de l'éternité-
    commence à faire téter les veaux,
    oui,
    est-ce que les souvenirs d'enfance
    et tous ces bruits,
    ces parfums, ces odeurs,
    ces gestes forgés
    par les patiences
    de l'habitude,
    avec lesquels,
    il y a de cela une semaine
    pourtant,
    on ne sentait
    plus en affinité,
    oui,
    est-ce que les souvenirs d'enfance
    qui remontent dans le temps
    après cette sorte de chute
    sur la tempe,
    tellement brutale
    que même le ciel
    a de la peine,
    oui,
    est-ce que les souvenirs d'enfance,
    ceux par exemple
    ressuscités
    d'entre les morts,
    sont des châtiments cruels
    alors que, dès demain,
    il faudra de nouveau apprendre
    à en finir avec tout ça?