Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lubies - Page 53

  • Bigfoot et la brasse papillon...

    La nuit s'achève.
    J'aimerais pouvoir encore
    m'émerveiller.
    Mais, hélas, mon café
    n'est pas celui qu'on croit.
    Il aime les langues de chat,
    Scott Walker
    et le gangsta rap.
    Il fume-beaucoup trop-
    ici.
    Se boit- moderato cantabile-
    un peu plus bas.
    Sa patience a ses limites
    que le matin épuise déjà…
    La nuit s'achève.
    J'aimerais pouvoir encore
    m'émerveiller.
    Mais on boit du Synthol
    pour se donner du courage.
    Toujours le récit
    maintes fois rebattu
    de l’orgueil offensé
    et ton cou de beatnik
    ou de minet finit
    par attraper
    froid
    au bord d'un col
    cheminée...
    La nuit s'achève...
    Sans doute as-tu rêvé,
    un jour,
    d'écrire une chanson-
    le genre de morceau
    imparable et définitif-,
    mais oui, une chanson
    dans laquelle
    tu clamerais enfin
    que l'impatience
    est une vertu
    cardinale.
    Que toutes les filles
    qui habitent
    le mois d'août,
    depuis l'invention
    du phonographe,
    ont toujours su
    pour la grande
    sécheresse de cœur
    de l'homme
    né dans la moustache
    de Bigfoot…
    La nuit s'achève.
    J'aimerais pouvoir encore
    m'émerveiller.
    Croire que les filles
    naissent blondement
    sur le trottoir de l'ombre.
    Qu'elles courent toujours
    au ralenti
    au fond de leur piscine vide,
    les yeux qui rêvent
    d'embrasser le ciel
    en faisant de la mobylette
    comme on nage la brasse papillon...

     

  • ...

    Oh mais oui, me dit-elle,
    encore un dimanche matin
    aussi sensuel qu'un adoucisseur
    livré-posé chez vous,
    vers 11 h 25 et quelques gouttes...
    Ma voisine est un dame âgée.
    Depuis trois semaine, au moins,
    elle parle d'investir dans
    une vache laitière.
    Elle affirme que pour survivre
    en milieu hostile,
    il faut mettre le prisonnier
    en lieu sûr
    avant qu'il ne soit lynché
    par la foule.
    Elle me parle parfois
    de son seul et unique amour.
    Quand elle m'invite pour le thé,
    c'est souvent qu'elle évoque
    la blondeur fanée de ses remords
    et sa nudité parfaite
    aperçue pour la dernière fois
    sur cette plage d'Espagne,
    un soir d'orage avec
    un sens assez spectaculaire
    du surnaturel.
    Vieillir, pour elle,
    consiste à soumettre
    tout le voisinage
    à son gâtisme baroque
    et à ses rêves de sable un peu snob...
    Oh mais oui, encore un dimanche
    et mes mains inventent
    des façons de ville du sud
    écrasée de soleil.
    Je repense au shoegaze,
    lorsque tous les deux lovés
    par amour de nos rôles
    de comédiens accomplis,
    nous nous lancions des bouquets
    de rose qui désormais
    tapissent nos corbeilles à papier...
    Oh mais oui, me dit-elle,
    encore un dimanche matin
    et en termes de mort,
    tu me bats à plate couture.
    Heureusement, il y a le chat.
    Ce chat qui pisse
    sur toute la création.
    Heureusement.
    Tu me connais bien-par cœur-
    sur le bout des ongles-comme
    si tu m’avais faite
    et que tu aurais mieux fait
    de ne rien faire.
    Tu sais comment je suis
    quand je me retrouve toute seule.
    Tu sais que l’existence,
    quand je me retrouve toute seule,
    mais oui, c'est comme
    un faux-chignon.
    Au moment de m’en saisir,
    elle me reste toujours dans la main…

  • Aurais-tu oublié d'emporter quelque chose? Quelqu'un...

    Deux traces de tes lèvres
    claquées à la sauvette-
    parce que le son
    est encore plus
    important que l'image-
    sur chaque joue
    et puis je passe
    des étoiles à la douche...
    Mes yeux se noient
    dans la grisaille-
    l'animation limitée
    d'aujourd'hui-
    de ce mois de Mars-
    nos désirs, ces enfants
    hyperlaxes-
    ou le souvenir global
    qu'on en a.
    Ça pourrait faire
    un beau sujet de long-métrage
    si le temps ne nous
    filait pas entre les doigts.
    Un film qui frapperait
    au bon moment, au bon endroit.
    Quand les rues n'ont plus
    rien à nous apprendre
    sur les causes
    héréditaires
    de la mélancolie-
    cet objet de passe-
    le cinéma pourrait presque
    vous faire croire
    à l'existence
    de forces surnaturelles...
    Un matin pareil,
    à l'écriture aussi incertaine,
    et tous ces hommes
    qui se déplacent
    dans leurs chaussettes
    motorisées.
    Un matin pareil
    qui tente d'inculquer
    quelques vagues idées morales
    aux galeries marchandes...
    Le souffle de ton prénom,
    déjà,
    me gerce la bouche.
    J’aurais aimé qu’on reparle
    un peu de cet ami
    photographe
    qui n'a plus la force,
    dit-il,
    de saisir l'instantané
    de la détresse humaine.
    Mais c’est encore
    un de ces jours
    où tu joues à celle
    qui cherche à partir
    pour de bon.
    La porte t’avale.
    Te recrache.
    Aurais-tu oublié d’emporter
    quelque chose ? Quelqu’un…