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Lubies - Page 47

  • ...

    Si je tournais la page
    du passé,
    une bonne fois
    pour toutes,
    alors les nuages
    qui se regroupent
    vers la cime de la montagne
    de l'Ours,
    comme un troupeau apeuré,
    averti d'un danger
    ou de l'imminence
    de l'orage
    ou de je ne sais quoi,
    -après tout,
    j'ai beau faire le malin,
    je ne suis plus d'ici. 
    Je ne comprends plus rien
    aux atermoiements du ciel
    et de la terre...-,
    oui, si je consentais
    à faire ça,
    peut-être que je finirais
    par tomber d'accord
    avec le premier feu
    de cheminée
    que tout un chacun
    finit par croiser
    sur sa route,
    pour peu qu'il ait passé
    sa vie
    à suivre,
    une boue dans l’œil,
    le sillage d'un épandeur
    à fumier...

    (Photo Baptiste Jeantet)

  • ...

    Jusqu'à demain, me dit-il,
    le petit tribunal
    mélancolique
    va cafouiller du Nord au Sud
    en rentrant la tête
    dans les nuages.
    Plus qu'une seule question,
    comme une jeune brise
    assez violente
    pour faire bruisser
    le feuillage
    des pruniers sauvages
    que nos mains
    caressaient
    -imaginez un tracteur
    et des tas de gens
    autour.
    Imaginez un roman
    qui relaterait
    la même chose
    mais avec de l'audience...-,
    oui,
    plus qu'une question
    qui tremblera bientôt
    sur nos lèvres
    dans l'odeur du fumier
    et le souvenirs
    de tous ces tours
    pour apprentis magiciens
    de cheminée
    qu'un grand-père
    sortirait soudain
    de sa manche,
    mais il est trop tard,
    beaucoup trop tard,
    oui,
    une seule question.
    Est-ce que les souvenirs d'enfance
    et le bruit des vaches
    dans l'étable
    au moment
    où ton père
    d'abord nourrit
    ses bêtes,
    puis et le plus souvent,
    pendant ce même laps de temps-
    une première expérience
    de l'éternité-
    commence à faire téter les veaux,
    oui,
    est-ce que les souvenirs d'enfance
    et tous ces bruits,
    ces parfums, ces odeurs,
    ces gestes forgés
    par les patiences
    de l'habitude,
    avec lesquels,
    il y a de cela une semaine
    pourtant,
    on ne sentait
    plus en affinité,
    oui,
    est-ce que les souvenirs d'enfance
    qui remontent dans le temps
    après cette sorte de chute
    sur la tempe,
    tellement brutale
    que même le ciel
    a de la peine,
    oui,
    est-ce que les souvenirs d'enfance,
    ceux par exemple
    ressuscités
    d'entre les morts,
    sont des châtiments cruels
    alors que, dès demain,
    il faudra de nouveau apprendre
    à en finir avec tout ça?

  • Un bel endroit pour pleurer...

    Dans les mangeoires,
    me dit-il,
    il pleut des diamants.
    Nous sommes à la ferme.
    Je me souviens...
    Ma grand-mère évoque
    (oh mais furtivement-
    furtivement...)
    sa maladie.
    Je ne sais pas
    ce qui me prend
    de lui parler
    de cet oiseau (un oiseau de feu-
    un oiseau de feu...)
    Vivre parmi
    une bande loyale
    de souvenirs,
    c'est comme un instinct,
    ces jours-ci.
    Une évidence et une attraction...
    Papa explique
    les choses
    du bout de ses ongles
    d'architecte
    qui terminent ses mains
    de terrassier.
    Vivre...
    Papa explique à ce gamin,
    pas vraiment d'ici,
    comment aider
    une vache
    à mettre bas....
    La vie, tu vois, lui dit-il,
    à hauteur
    de son rire franc
    et rude,
    c'est un peu ce principe
    du sketch
    avec des personnages
    imaginaires.
    Aujourd'hui, par exemple,
    je suis un somnambule
    en dernière année
    de vétérinaire...
    Dans les mangeoires,
    me dit-il,
    il pleut des diamants...
    Nous sommes à la ferme.
    J'y retourne souvent.
    C'est un bel endroit
    pour pleurer...