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  • Je me lève avec le sommeil...

     Je me lève avec le sommeil…

    il y a ce souvenir

    vieilli par le voyage

    entre les eaux et les forêts

    longtemps il hésite…

     

    Le vent soupire j’entrouvre les yeux

    et alors

    le monde change…

     

     il y a ce souvenir

    dont les pas s'enfoncent dans la neige

    ce souvenir qui trébuche

    et puis qui se relève

    et puis qui trébuche

    à nouveau

    et puis qui disparait

    pour de bon…

     

    Je me lève et tes mains retournent dans l’ombre…

     

    c'est comme ça qu'on chasse l'insomnie

    oui chez moi  c’est comme ça qu’on fait

    disais-tu hier soir

    avec cette voix criblée d’énigmes

    je suis du Sud tu sais

    chez moi avant

    d’être riche ou pauvre

    avant tout

    on est du Sud…

     

     

    Le jour s’éclaircit la gorge

    il est tôt

    le soleil ne marche pas encore dans les nuages…

     

     avant que ma mémoire

    ne tourne de l’œil

    tu as voulu que je rampe

    à tes cotés

    sur la pente la plus abrupte du lit

    là où tu disais

    chez moi l’insomnie

    viens un peu par là

    viens donc que je t’explique

    on la chasse à l'approche…

     

     

    Je me lève en ramassant ta culotte

    prête à partir au chagrin...

     

    ce matin n’a plus trop la tête

    à  tous ces gestes

    qui surveillent et qui punissent

    je t’aime…

     

     

     

     

     

     

    (

  • ...

    Je vais vous raconter une histoire ouverte du mardi au vendredi, de  8h à 13h et de 15h 30 à 19h 45, 15 avenue Joffre. Avec pour personnage principal, cette femme, toujours plus ou moins impliquée dans de drôles d'affaires et qui s'est mise à m'appeler en pleine nuit. Oui. Cette femme qui s'est mise tout à coup à m'appeler à n'importe quel propos. Vraiment n'importe quoi. A présent, je sais, elle m'a dit une fois, voilà, je sais que l'adolescence c'est ce roman-photo qui vous somme de vivre l'amour des autres. De rebattre sans cesse la vieille carte du tendre. L'adolescence. On y est ballotté. Prisonnier, corps ingrat, coeur en charpie, emporté dans le tambour d'un sale ressac. Toujours entre deux âges. Toujours entre deux corps...

     

    Et à cette femme - pourquoi diable était-elle toujours plus ou moins impliquée dans de drôles d'affaires?-, moi, je ne répondais rien. J'écoutais, c'est tout. De toute façon, sa voix, même quand chez elle ça ne cafouillait pas à la direction, ça m'a toujours laissé un goût étrange sur les lèvres, après. Oui. Sa voix, alors, ça faisait comme si mes lèvres elles étaient toutes gelées, gercées, cernées par la fatigue et les lassitudes ponctuelles d'octobre, après...

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

  • ...

    La nuit vide ses poches. Tout le monde a fini de danser. Est-ce que tu dors? Je crains que les héros aient déserté le champs de bataille. Un souvenir, le genre déjà tout endommagé avant de naître, oui, un souvenir s'extirpe à grand peine des bras- tu dirais ceux d'une pieuvre- de l'aube. La brume se lève des terres. Ton sourire, alors, c'est comme si le monde flottait. Une certaine idée du jour ne serait-elle pas déjà en train de mourir sur les joues du ciel qui rosissent? Un type, hier soir- il venait du Nord, était chargé d'éplucher le dancefloor, de transformer chaque boule à facettes en patate à sept faces- un type, hier soir,  n'arrêtait pas de répéter cette phrase que je n'ai pas pu oublier.  "Dis ce qui t'importe, pourvu que ça sonne." J'ai retenu le conseil. Ce matin, crois-moi si tu veux, je me sens encore plus fort dans la pénombre.

     

    (Photo Frédérick Jeantet)