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Lubies - Page 202

  • A cheval...

    Je suis les reflets de la pluie sur ton comptoir en formica, me dit-il. Je suis le nom des rues où pissent tous les teckels tombés pour elle. Je suis un numéro spécial du journal des jockeys qui à la ville s'habillent toujours chez Renoma. Je suis la petite fille à sa maman qui voudrait se faire bronzer sur un transat de l'hôtel Terrass. Je suis un morceau de cuite à cent balles. Autant dire que je n'ai jamais été trop à cheval sur tous vos principes de réalité...

     

    Alors, me dit-il, je me suis allongé près de ce verre de Lillet rouge et j'ai regardé la fuite infinie des nuages...

     

    J'ai rêvé New-York, me dit-il, et puis j'ai vu Bécon les Bruyères...

     

    (Photo Frédérick Jeantet) 

  • Avec le chat


    Ce matin, avec le chat,
    on aimerait que la marche de l'univers soit carrément inscrite au programme de notre café. Carrément. Le froid est sur le jardin. La neige sur le vieux tracteur. Le vieux tracteur c'est un Mc Cormick. Le poids de cette image de neige a bien failli exploser la bande passante. Ici-ici, avec le chat, d'abord c'est chez nous. Ici-ici, ça fait longtemps qu'on a plus rien à demander à la poussière...

     


    Avec le chat, mardi on a balancé le mobilier Formica aux encombrants. Même ici, dans notre caravane, on trouve que l'espace vide est un luxe...

     

    Avec le chat, on est comme tous les garçons, c'est plus ou moins qu'on tripe en jouant les experts militaires dans le premier terrain vague... 


    Avec le chat, maintenant, on boit surtout l'eau des fleurs...

     

    Avec le chat, alors on regarde la petite flaque de pisse que ça fait ce matin qui s'extirpe à grand peine de l'ouate, de la tripe et des fesses sales du monde, attendu que, par surcroît, c'est un matin qui pue de la bouche, comme ça, énormément. Et déjà des gens s'agitent dans la brume. Il peut s'agir de créatures surnaturelles ou d'hommes masqués participant à un rite. On ne sait pas. Avec le chat, on est pas loin de penser que cette petite flaque, vois-tu, c'est à la fois notre miroir et notre avenir...

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

     

     

     

  • ...


    Mon ex a pratiqué l'onanisme de très longues années, me dit-elle. Puis, soudain, il s'est mis au jus d'ananas. Cette fille, c'était comme un goûter retrouvé au fond d'un vieux sac. Elle avait une tête de petit beurre et moi je la bouffais des yeux. J'étais jeune. Elle était jeune. Nous étions...


    Je ne suis pas folle, me dit-elle. C'est juste que je me trompe beaucoup. En face de nous, de l'autre coté de la  rue, il y avait ce jardin des plantes et des cygnes en grande conversation. J'imagine que quand ils nommaient les choses, on leur trouvait un goût pas pareil...

     

    L'air était souple. L'automne et les merles roulaient leurs trilles. Moi, c'était juste une cigarette. Je n'ai jamais su chanter..

     

    J'étais jeune. Elle était jeune. Nous étions...On buvait nos bières, me dit-il. Le jour déclinait. On se parlait pour la première fois comme si c'était la dernière, en y mettant tout ce qu'on pouvait trouver de rires et de franchise. Pas loin, un homme étendu par terre. Saoul. T'aurais dit que, déjà, il vomissait la lune...

     

    (Photo Frédérick Jeantet)