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Lubies - Page 168

  • Et l'avenir oubliait ses problèmes dentaires...

    Cette histoire est réellement arrivée

    à une époque

    où beaucoup d'hommes

    rêvaient de faire serveuse 

    au pôle Nord...

    oui, la plupart de ces hommes rêvaient

    d'un endroit blanc et silencieux

    où ils auraient pu cacher,

    une fois pour toutes,

    leur horrible secret;

    horrible au point de les conduire

    à prendre pour cible

    la faiblesse des autres,

    pour mieux les tenter, 

    et, bien sur,

    les briser net, ensuite,

    pendant que l'avenir oubliait 

    ses problèmes dentaires

    à cause de ces disques

    où il était une fois des gens

    qui s'essayaient au bonheur

    en apprenant à lire le braille

    avec leurs pieds...

     

     

  • ...

    Encore fait ce rêve idiot, me dit-il. Alors, je suis revenu dans nos montagnes. Le Montana français, ne le cherche plus sur ta petite carte d'explorateur de poche, parce que c'est là-bas. Je suis revenu pour filer un coup de main à mon vieux. Il y a mon jeune frère également et sa présence compte double, mon frère qui nous prête main forte pour les foins et les bêtes. Contrairement à ce qui se ne passe jamais dans les séries télé françaises, la sueur nous poisse le front et la poussière des champs nous fait plisser les yeux. On porte des fringues dégueulasses et on se jette tout un tas d'adjectifs sauvages à la figure, en cas de fausse manœuvre...

    Pendant ce temps-là, ma frangine aide Maman. Elles font la cuisine en écoutant des disques de chansons françaises - Adamo, dit ma sœur, on est vraiment obligé? C'est ça, répond Maman, ou je rate ma tarte aux quetsches ...- mais aussi de la soul, des trucs pop, du rap west coast - Kézaco?, dit maman. Tupac et Dr Dre, enfin quoi, répond ma sœur. Où l'on finit par comprendre que c'est quand même pas sorcier de renouer le fil du dialogue mère-fille...- et quand elles en ont marre de cette situation qui n'a pas fait avancer la parité d'un pouce, allez hop, Adieu Berthe le train part, elles enfourchent leurs vélos et filent- Claudia Cardiale et Lillian Gish enfin réunies dans la même compétition cycliste officielle- au cinéma le plus proche- on y joue des mélo de la Fox- ou, parfois cette chose-là arrive, oui,  dans ce bistrot pour trappeurs louches et chics, reculé dans la brume des terres, d'abord s'installent en terrasse, puis essuient le feu roulant de tous ceux qui les regardent comme deux intruses osant taper l'incruste dans un endroit où elles n'ont strictement rien à faire...

    A cet instant, je vais vous dire, Maman et ma sœur, tu dirais qu'elles se plaisent à rejouer cette scène de Laurence d'Arabie, tu sais, quand Peter O'toole sous acide insiste, et pas qu'un peu, pour que le jeune bédouin - compagnon avec lequel ils ressort de sa petite traversée du désert personnelle- l'accompagne dans ce club très sélect du Caire pour qu'on lui serve une citronnade...

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

     
     
     
  • L'arithmétique créative de nos désirs...

    Je devine une logique affreuse

    derrière cette envie de mettre

    nos rêves entre parenthèse...

    Pourquoi finit-on par devenir

    ce qu'on a tant détesté...

    Hey, dis moi un peu,

    tu en écoutais beaucoup,

    toi, de la Pop music?

    Hey, y'a toujours quelqu'un

    là-dedans...

    La nuit dernière je t'ai cherché

    partout

    et tout ce que j'ai obtenu,

    c'est des cernes.

    Alors j'ai repensé à la jeunesse.

    Ses plages. Ses filles.

    La jeunesse...

    Ses garçons. Son soleil.

    La jeunesse...

    Ses cadavres...

    Tu sais, à chaque fois

    qu'on se sentait vide

    à l'intérieur.

    Oui, à chaque fois que

    deux-trois accords

    de guitare ou qu'un séquenceur 

    que l'angoisse et cette mélancolie

    un peu corbeau, tu sais, attaquent

    et tout à coup ça s'accumule,

    oui, à chaque fois que tout ça soutenait

    l'arithmétique créative de nos désirs inaboutis

    puisque à cet âge, 

    on n'est pas bien difficiles,

    puisqu'un choix de mots intéressants

    suffit à te faire croire

    que l'existence ne devrait obéir

    qu'aux seules lois de ton génie...

     

    (Photo Frédérick Jeantet)