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  • Idéalisme brumeux...

    Le froid revient me frapper le visage,

    mes joues résonnent comme deux cloches.

    J’emporte avec moi

    un calepin de chef de gare.

    Je le glisse dans une poche,

    au cas où je n’aurais plus

    tous ces chats dans la gorge.

    On ne sait jamais,

    alors je m’en remets

    à mon idéalisme brumeux,

    des fois que le monde cesse soudain

    de chanter faux.

    Je prie pour que mes pensées

    sombres et silencieuses

    retrouvent bientôt ces qualités d’athlète

    qui leur ont permis de courir la terre

    en lançant des mots comme autant

    de chats spontanés…

     

     

     

  • Les montagnes à ma porte...

    Ce matin, alors, les montagnes

    sont descendues jusqu’à ma porte,

    et cette vue offrait,

    une fois encore,

    la preuve du désir fascinant

    qu’a toujours eu cette bonne vieille mélancolie

    de me fondre dessus,

    comme ça, au moment où on ne l’attendrait plus…

    Toujours les mêmes fantômes. Toujours…

    Et même ici où je me croyais tranquille,

    des chats qui avaient survécu

    depuis mon enfance,

    auprès de tous ces feux d’autrefois,

     se sont mis à me miauler après.

    «Où t’étais donc passé ? Oh mais putain, qu’est-ce que t’as foutu ?»

    Toujours les mêmes décisions sinistres. Toujours…

    Et même là, où je pensais pouvoir éliminer

    tout ce que j’avais écrit de sale et de moche,

    juste en fermant les yeux, la laideur au fond des poches,

    j’ai compris qu’il faudrait que le vent souffle tempête

    pour chasser la brume qui me recouvrait le cerveau…

     

     

  • Et tout autour circulait une odeur étrange...

    Non-non et non, ah non,

    je ne fumerai pas ton mégot de matinée,

    au motif soudain de cette obligation

    qui m’est faite,

    de composer avec la douleur.

    Je préfère, et de loin,

    perdre mon temps

    avec la chinoise dont le souvenir

    vit encore

    sur notre baie vitrée…

    Ses yeux experts en mélancolie

    et cette façon de s’accrocher

    aux bras de ce gamin.

    Et quelques plumes tentaient de s’enfuir

    d’un anorak

    traversé par plus d’une ville.

    Et tout autour circulait une odeur étrange,

    tourmentée…

    Le temps que je te console

    dans un grand foulard bleu marine,

    les araignées ont du les engloutir,

    faute de mots audacieux,

    sous des kilomètres de toiles...

     

    (photo Frédérick Jeantet)