Ici, tu sais, la pluie a le même accent. La même propension proprette à l'anarchie. Et sinon, le soir, on pense à des trucs à la con. Des trucs. A propos de la saturation du temps et de l'espace. Des trucs...
Cette langue que tu disais de combat et de désir, t'en avais plein la bouche et ça tenait dans la main, collait aux doigts, et même que, parfois, oui, oui...La vie c'est un string qui se déchire au plus offrant. Tu mouilles, c'est bon? Ah...Nous sommes désolés. Et sinon, pour sur que je t'aime. Vraiment désolés. Et mon cul plus mes couilles....
Ici, sinon aussi, le soleil c'est rien qu'un tas d'acrobaties sur tissus aériens. Oui mais bon: paf nos destins de caniches; aircrash boum boum baby. Parfois l'amour et la dépression, je veux dire en province d'avant la quinquadolescence où tu regardes passer tes sept vies de chat et même que c'est assez bien parti pour que tout ça passe comme de l'eau sur l'aile d'un canard, pfuuiiit, coin- coin, oui, oui, oh mais je t'emmerde, tu sais, avec toute mon affection ma petite saloperie que j'aime et que j'adore, coin-coin donc qu'on te dit, parfois l'amour et la dépression, donc, en province où tu...bref, les voilà les grands passe-temps de nos vies. Salut. A plus. On mélange les choux et les carottes. On a un ego tellement balèze que désormais on s'organise autour de nous-mêmes. Bisous, bisous. On boit tout seul et on est saoul à plusieurs. On vous en prie...
Mais contre toute la douceur du monde que peut la résistance têtue d’un soir en passant ? Toujours avec ces patiences inépuisables qui étaient les siennes ce soir-là, elle l’a aidé à se relever, à refaire surface et ça s’est fait petit à petit, par étape, par pallier, et il a fini par remonter enfin du fond de ce canapé qui était un lac aux eaux lourdes et lentes. Oui, voilà. T’aurais dit qu’en fait Maman repêchait le corps inerte d’un noyé. Le visage de Papa était d’ailleurs bouffi, boursoufflé comme si toutes ses larmes s’étaient infiltrées directement sous la peau. S’étaient écoulées en lui au lieu de suivre le cours habituel de ses joues. Un dégât des eaux si puissant qu’il menaçait déjà de faire craquer les murs de son visage...
Il se passe tout un tas de trucs pendant une sieste, laissez-moi vous dire. Par exemple, on rêve. Ah oui. On rêve, certes moins longtemps, mais on rêve bel et bien comme quand on dort, la nuit tout ça. Lors de cette première sieste assumée pour de vrai, par exemple, j'ai rêvé de cet ancien chef de rubrique et donc c'était au siècle dernier et donc j'allais le voir un peu contrit et donc je lui disais " désolé, c'est vraiment un papier de merde" et donc il me répondait "T'as donné ton maximum quoi" et donc je referai bien une sieste, là...
Recroisé cet ancien voisin qui possédait la sublime pauvreté du guitar hero. Même eu du mal à le remettre tellement il a changé. Que s'est-il passé dans sa vie? On ne sait pas. On ne veut pas savoir. Toujours est-il qu'à présent il fait Billy Idol dans les Cévennes. Dire qu'avec lui on avait fomenté haut et fort quelque été indien à New-York. Oh Dieu du ciel et de la terre...
Des années passent et puis le conflit éclate au grand jour. Les mains et les pieds de cet homme se déchirent. Comme une envie soudaine de s'écorcher la figure. Vingt ans que les mains et les pieds de cet homme font le même chemin...
Il semblerait que cette journée ait encore loupé son métro. Et même. La présence de cette journée à notre rendez-vous, fixé de longue date, je voudrais pas dire, me semble de plus en plus douteuse...
On a quand même trouvé le temps de nous incliner sur la tombe de l'homme qui kiffait grave les chaussures en cuir de vachette andalouse. C'était un mec bien cet homme-là. Ah ça oui. Même que chaque année il vous envoyait ses bons vœux. Par surcroît, ce n'était pas le genre d'homme qui posait des énigmes aux facteurs. Ah ça non. Il rédigeait lisiblement les adresses, l'homme qui kiffait grave les chaussures en cuir de vachette andalouse.
La nuit avance. Ma montre est à l'heure.
Et si ce soir le confit était notre seul accessoire masculin?
Je voulais boire un café tranquille. Je tire de ma besace de meuf, c'est une besace de meuf parait, bref, un ancien numéro des Cahiers du cinéma, à une époque je les gardais tous, que ça à faire à cette époque et tant qu'à ne rien faire, voilà, et alors Elle vient me parler de "sur western". Elle a la vingtaine opulente et ce débit de mitraillette qui m'agace déjà. Elle me dit qu'elle est à la Fémis. Je lui réponds que je suis en retard...
Entre la Terre et la Lune, de drôles d'êtres se lancent des pizzas...