Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Ceci est un slogan idéaliste...

    Ceci est un slogan

    idéaliste

    sur le point de rendre

    l'âme.

    Ce qui vit encore,

    à l'intérieur,

    aura donc passé

    sa vie

    à débuter...

    J'ignore comment

    on fait pousser

    les salades.

    Peut-être que je manque

    de vocabulaire.

    Tout cela serait fort différent

    si vous habitiez

    en face

    d'un scooter des neiges...

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

  • Un épais tapis de crottes de puces...

    Tu sais, me dit-il, j'ai connu une fille. L'échec et moi, à l'époque, on vivait assez bien ensemble. L'amour était, encore et toujours, le sentiment le plus difficile à acclimater, la musique s'écoutait le volume poussé jusqu'au plus fort et les chiens borgnes, nés avant 66, s'évertuaient à pisser sur toute la création en fomentant de vastes projets de covoiturage pour le zoo le plus proche. Oui. A force, on avait fini par comprendre. C'était même au point que, depuis plusieurs semaines, on avait cessé de s'en vouloir, comme ça, mutuellement. J'avais fini par me faire à l'idée que Kim Wilde pourrait, avec un surcroît d'imagination,  devenir la madone des bibliobus, une Zelda recalée au certificat d'études, faussement blonde mais tellement plus neurasthénique que sa devancière, puisque même pas de Scottie Fitzgerald de pacotille à portée de main, Paul Young et Simon le Bon s'étant tour à tour désengagés de la pièce, tendre, nocturne et moraliste, qu'un auteur de Greenwich village avait imaginé à la suite d'un trip sous LSD avec de sévères remontées acides.  Elle t'aurait plu. C'est cette fille qui a inventé, sans le savoir, l'amour liquide au téléphone. Elle était passée maître dans l'art de jongler-deux balles dans la main droite, une troisième dans l'autre main- avec les fantasmes des gens; elle vous susurrait des mots crus au creux moite de l'oreille et c'était comme si elle lançait des chats. C'était une fille dont chaque geste revenait un peu à faire ça: lancer des chats à la face du monde. Des chats de race. Un monde dont le dos était couvert d'un épais tapis de crottes de puces...

     

    (photo Frédérick Jeantet)

  • Flottant...

    Courir, me dit-il, ça n'a, bien sur et à mon humble avis, rien à voir avec l'écriture. Strictement rien à voir. Même si quelqu'un- accessoirement un grand écrivain-comme Murakami, vous dira le contraire, lui qui court désormais le marathon après s'être longuement shooté à la nicotine. Lui qui a " simplement" - même si rien n'est simple avec les addictions- jugé plus profitable et judicieux de remplacer une drogue par une autre, certes plus hygiéniste, d'accord, d'accord... Mais c'est une toute autre affaire. Et cette affaire concerne au premier chef Murakami, lui seul et ses nombreux lecteurs, qui ont rudement raison- fallait-il que je le précise?- de suivre cette foulée-ample, diablement efficace. Et puis cette cadence...- que l'écrivain coureur de fond nomme " vitalité". Que ses livres reposent en paix. On écrit, il me semble- je parle pour moi. Je reste bien sagement à ma place. Je tiens ma position coûte que coûte, en dépit des moyens assez maigres dont je dispose. J'organise, au cas par cas, ma propre précarité et mes petits privilèges. Je me suis collé moi-même dans le pétrin alors il faut bien que je m'en démerde. S'il me venait un jour l'idée de déserter, pourvu que ma main ne tremble pas au moment d'accélérer la sentence, comme ça d'un coup sec et crac pour l'exemple-, oui, on n'écrit pas comme on court, me semble-t-il, mais plutôt comme on aimerait courir ou avoir couru, d'après une autre mémoire du corps, enfin, je ne sais pas...Ou bien...Mieux vaut oublier tout ça....

    Parfois, mais oui de telles choses se produisent, l'envie nous prend de recourir alors que c'est trop tard la jeunesse. Se sentirait-on soudain un peu à l'étroit dans sa peau? Allez-allez, mon short- ce flottant de rugby trop court pour ces cuisses décidément très grasses, décidément bien molles-, un vieux maillot réplica pourri- la tunique éternelle du Stade Toulousain. Le rugby c'est ma part de sacré. Voilà. Et puisqu'il meurt un peu plus à chaque match, mon cher club de cœur, c'est sans doute le meilleur moment de le remercier pour tout. Oui. Sans ce genre d'émotions, jamais je n'aurais eu l'idée de m'accouder, le corps en charpie et l'esprit malsain comme il faut, au comptoir graisseux et magnifique de la baraque à frites de la poésie. Non. Jamais. Et peu importe que vous trouviez ça risible. Si seulement, une fois dans votre vie, vous aviez milité au parti de la sueur et de l'idéal simplifié, si seulement, peut-être qu'alors...-, mais oui, allez-allez et que ça saute, mon flottant, mon vieux maillot réplica pourri et ma paire de baskets au regard d'homme grenouille et puis, hop-hop-hop, que nos derniers rêves transpirent une bonne fois pour toutes...

     

    (photo Baptiste Jeantet)