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Lubies - Page 163

  • Cette chose blanche qu'on nomme le matin...

    Ici commence une histoire

    et c'est peut-être l'histoire

    de cette chose blanche

    qu'on nomme le matin...

    Celle ou celui qui a inventé-

    "inventé", c'est encore mal dire.

    Je sais, je sais. Reprenons-,

    celle ou celui

    à l'origine de cette histoire 

    minuscule, 

    a eu vite fait 

    d'ouvrir la main-

    oh si seulement

    vous l'aviez-vu faire.

    Si seulement...-

    oui, vite fait d'ouvrir la main

    pour que toute cette histoire, 

    une histoire périssable

    une histoire à consommer sur place, 

    une histoire animée d'aucun dessein,

    non que dalle, même pas ça,

    absolument rien pour la faire

    tenir tant soit peu

    en l'air, 

    le genre d'histoire 

    qui aurait mieux fait

    de rester enfermée

    à double tour dans sa maison, 

    oui, 

    celle ou celui qui a cru malin

    d'inventer cette histoire

    aurait pu, au moins,

    se sauver très loin d'ici avec.

    Ou alors nous trancher

    les oreilles

    juste avant que.

    Ou bien, je ne sais pas, 

    moi...

    Ici finit cette histoire 

    puisque son auteur,

    selon toute vraisemblance,

    n'a pas voulu l'allonger

    démesurément...

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

     

     

     

  • Quels gestes lents et minutieux...

    Il y a eu cette fois,

    quand mes dernières illusions

    vivaient en haut style,

    accrochées à la paroi

    toute moite

    des lendemains

    de fête...

    Et alors le monde,

    autour de moi, 

    se laissait vivre,

    bercé par la petite morale

    d'une poignée 

    de plans séquence,

    à peine de quoi

    bricoler

    un bien mauvais film,

    avec tous ces hommes

    vaguement comiques

    qui chantent leur pauvre

    chanson d'amour

    avec une voix de canard...

    Il y a eu cette fois,

    quand je vivais dans l'opulence  

    sans que je sache 

    vraiment

    d'où m'était venue

    une telle richesse...

    On avait beau me répéter

    que ce matin 

    venait de recourir

    à la chirurgie esthétique,

    après ça,

    où trouverait-on des silences

    plus expressifs que des paroles?

    Quels gestes,

    lents et minutieux,

    et ce début

    né pour mourir 

    un dimanche matin,

    capable d'accoucher

    d'une histoire où,

    trois coups de foudre

    et deux vengeances

    habiles et malicieuses

    plus loin,

    tout finirait pourtant

    par s'arranger

    à l'entière satisfaction

    du lecteur et des personnages...

     

     

    (Photo Frédérick Jeantet)

     

  • les chimies du monde...

    Le train et les distances

    qui se réduisent

    à mesure que l'horizon

    s'élargit entre

    l'insouciance et la crainte

    de perdre pour toujours

    les gestes blonds

    du premier amour,

    après quoi on a eu 

    la faiblesse de croire

    que nous avions

    des gènes différents

    de ceux du reste 

    de l'humanité...

    Le train et les arbres

    qui tremblent,

    la peur les noircit

    avec ce désir

    violent

    d'assassiner

    toute envie de suspens,

    alors qu'on aimerait

    tellement retrouver

    le don des larmes

    et cette sorte d'inclinaison

    de l'âme

    qui vous pousse

    à embrasser un rayon de lune,

    au lieu de perdre le jour,

    au bord des fleuves

     pollués  

    par les chimies du monde,

    à conter vos détresses

    que la colère renforce

    et alors...

     

    (photo Frédérick Jeantet)