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Lubies - Page 139

  • ...

    Chaque matin repose

    sur un choix précis,

    me dit-elle.

    C'est comme une blessure

    narcissique

    qui s'obstine à rester vivante

    pour ses proches,

    je ne vois pas pourquoi

    on trouverait

    ces choses sublimes

    chez l'un

    et presque intolérables

    chez celle

    qui les a mises en circulation. 

    Tu vois, par exemple,

    ce vieil homme

    blanchi 

    dans ses montagnes,

    l'empire des perses

    n'est rien

    comparé à son sourire

    de patriarche 

    incapable de générosité. 

    Tu vois cette fille,

    trente ans et des rêves

    d'exil

    en Suisse peut-être,

    son sourire n'est qu'une

    manière non violente

    de se débarasser

    de toutes les frontières

    géographiques.

    Un jour, elle se pend

    au cou

    d'un steward superflu,

    en agitant ses charmes

    dans des transparences 

    hawaïennes.

    Le lendemain,

    elle se met à croiser

    des morts,

    converse avec eux

    jusqu'en Australie Occidentale.

    Petite, déjà, elle lorgnait

    son corps

    comme un objet

    qui

    ne lui appartenait pas...

     

     

     

     

     

     

  • ...

    Et nous serons samedi

    soir

    et l'alcool aura déjà rempli

    sa mission

    Et je ne serai plus là

    pour faire tapisserie

    Et tu laisseras 

    à d'autres 

    le soin de te dépeindre

    comme un manuel pratique

    et théorique

    sur l'eau-forte 

    Les vents s'engouffreront

    comme

    ils ont toujours su 

    le faire

    Les vents finissent toujours

    par s'engouffrer

    là où ils trouvent du champ

    La tempête d'un corps

    ne dure

    que ce qu'elle dure

    n'est-ce pas...

    Alors

    tu resteras prise au piège

    des bourrasques

    Nous serons dimanche

    Encore un de ces dimanches 

    cuvant

    son verre d'Alka-Selzer

    un soutien-gorge gigantesque

    autour du cou

    Tu tangueras

    au gré de tes envies

    Tu finiras même par céder

    à ce que tu croyais

    jusqu'ici

    impensable

    Et les gens puisque c'est l'usage

    sur cette planète

    apprendront à nous

    dévisager

    avec cet air interdit

    Les gens apprennent vite

    quand ils veulent

    tu sais

    Leur sale petit air de deux airs

    Tu te méfieras d'eux

    De leur incapacité chronique

    à entrer en scène

    Mais plus tard

    bien sur

    plus tard

    A l'heure où les disparues de

    l'Yonne

    s'apprêtent une fois de plus

    à perdre la piste

    du monstre des ruisseaux

    Quand le lundi matin

    se lèvera

    sur nos petits livres

    en cendres

    Mad Max sera devenu

    le film préféré des enfants

    Un shérif dépouillé

    peu à peu

    de ses attributs d'emprunt

    procédera par habitude

    à l'arrestation

    d'une bande d'artistes

    de rue

    égarée en rase campagne

    Le col Mao sera-t-il enfin

    revenu

    à la mode...

     

  • Le seul paysage qui compte...

    Je ne serai jamais

    l'empire

    de personne. 

    Tu peux toujours

    essayer

    de m'envahir

    en bricolant tes romances

    sur des guitares made in

    Hawaï, 

    j'ai appris, depuis longtemps,

    à reconnaître 

    tes petits exercices

    d'élégance

    brodés sur des motifs

    vulgaires. 

    Ce monde est un désastre,

    épris de la douceur

    passée.

    Les ruines et les décombres,

    voilà sans doute

    le seul paysage qui compte.

    J'ai juste envie

    de traverser la grande eau 

    sans que ta main 

    revienne ensuite

    se vautrer

    sur mon capharnaüm 

    de roses...