J'ai du perdre mon volant...

Ce matin est dérangé

par ce qu'il ne comprend 

pas.

Il a la tête de ceux

qui n'aiment pas que le soleil

leur pisse sur les godasses.

Après tout,

c'est son problème.

Il peut bien aller

se voir faire

ailleurs. 

Moi, alors, j'ai quinze ans

et je sais qu'il faut

que je m'éloigne

de ce lieu.

Déjà tout va trop vite.

Tout va trop loin.

Ce matin peut bien aller

se faire foutre.

Moi, alors, j'ai quinze ans

et je voulais juste

rester 

toute la nuit

avec vous.

Vous écrire des chansons.

Des morceaux de Pop

absolument imparables.

Oui, absolument.

La vie conduisait

un peu trop vite.

J'ai du perdre

le contrôle.

J'ai du perdre

mon volant...

 

...

Une terrasse du voisinage

en train de décroiser

mollement

ses jambes

en souvenir du programme

commun. 

La main d'un type 

pas plus adipeux 

qu'un autre 

posée sur son genou. 

Le gauche. 

Mais il s'agissait peut-être

d'une illusion

causée par la demi-pénombre.

Peut-être...

Et toi qui me donne du

courage

avec ta bouche

en forme de nuage.

Et moi qui me rase,

désormais,

chaque matin.

Qui serre mes lacets

avant le coup de feu de midi.

Qui parle à son limonadier,

presque avec tendresse,

une fois que tout est fini.

Oui, presque...

...

Je suis déçu et à part ça,

c'est l'heure,

l'heure où les cailloux

se souviennent

de leur naissance. 

Oui.

De leur naissance

sous une étoile sombre...

Pourquoi fait-on

ce qu'on fait?

Je suis déçu mais pas autant

que toi,

pas autant que toi

qui redoute tellement

de disparaître

avec le soleil...