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Bigfoot et la brasse papillon...

La nuit s'achève.
J'aimerais pouvoir encore
m'émerveiller.
Mais, hélas, mon café
n'est pas celui qu'on croit.
Il aime les langues de chat,
Scott Walker
et le gangsta rap.
Il fume-beaucoup trop-
ici.
Se boit- moderato cantabile-
un peu plus bas.
Sa patience a ses limites
que le matin épuise déjà…
La nuit s'achève.
J'aimerais pouvoir encore
m'émerveiller.
Mais on boit du Synthol
pour se donner du courage.
Toujours le récit
maintes fois rebattu
de l’orgueil offensé
et ton cou de beatnik
ou de minet finit
par attraper
froid
au bord d'un col
cheminée...
La nuit s'achève...
Sans doute as-tu rêvé,
un jour,
d'écrire une chanson-
le genre de morceau
imparable et définitif-,
mais oui, une chanson
dans laquelle
tu clamerais enfin
que l'impatience
est une vertu
cardinale.
Que toutes les filles
qui habitent
le mois d'août,
depuis l'invention
du phonographe,
ont toujours su
pour la grande
sécheresse de cœur
de l'homme
né dans la moustache
de Bigfoot…
La nuit s'achève.
J'aimerais pouvoir encore
m'émerveiller.
Croire que les filles
naissent blondement
sur le trottoir de l'ombre.
Qu'elles courent toujours
au ralenti
au fond de leur piscine vide,
les yeux qui rêvent
d'embrasser le ciel
en faisant de la mobylette
comme on nage la brasse papillon...

 

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