Arranger les désastres, chaton...
Longtemps j'ai cru,
me dit-il,
qu'il n'y aurait jamais plus
aucun espace à louer
dans cette ville.
Et il a fallu-
le fallait-il vraiment?-
que je croise l'ombre furtive
d'une main inconnue...
Je n'ai pas tellement envie
de raconter cette histoire.
Le jour pointait son nez
de musaraigne.
Voilà, c'est tout.
Et puis aussi...
Un sourire- ce sourire qui a appris
à être malin, à arranger les désastres,
chaton,
parce que la vie qu'il mène
ne le satisfait pas...
Et les draps s'enfonçaient
entre nos cuisses
comme un poisson lune
dans le sable...
Au commencement, alors,
la trame principale de cette histoire
était mince-si mince-beaucoup trop mince,
en fait...
Pour finir, je refuse de t'embarquer
là-dedans
pour des motifs crapuleux.
A trop forte dose,
comme tu le sais,
le goût du désespoir
finit par museler les hommes
et leurs désirs.
Et les hommes,
comme tu t'en doutes,
mon dieu que c'est laid
quand ça finit par ressembler
à ces vieux lions
muselés par l'amour
parce qu'au départ,
assez sottement du reste,
ils estimaient être nés
pour toute autre chose.
Et mon dieu qu'ils sont laids
tous ces hommes-lions
qui ont cru que le bonheur
était dans l'ignorance
et que rien ne vaudrait jamais
le suspense
des pistes de danse,
vers la fin de ces années
quatre-vingt
maudites pour toujours
et sans grande épouvante,
où tout a pu se compliquer
de paysage, de farce
et de pathétique.
Oh oui, tu penses...
Et donc il était une fois,
une fois en passant
juste une fois,
mais une fois tout de même,
il était donc cette fois en train
de se noyer corps et âme
dans les nappes phréatiques
de la mélancolie,
où, comme tu le sais- comme tu t'en doutes-
comme tu veux-,
il ne fait pas bon nager
à contre courant...