Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • ...

    J'ai croisé bien des revenants,

    bien des spectres,

    l'autre nuit, 

    tu sais...

    Je suis sorti comme on sortait-

    tu te souviens?-

    quand on sortait

    avec l'intention,

    ferme et définitive,

    de ne plus jamais rentrer.

    En tout cas, pas avant

    d'avoir dansé 

    au moins huit heures de suite.

    Pas avant de pouvoir se dire:

    Merde! On a assez vécu

    pour survivre

    en dehors de la jeunesse.

    Et pourvu que l'amour

    nous redonne, sur le pouce,

    son petit cours de philosophie

    pratique...

    J'ai revu quelques uns de nos vieux

    complices,

    l'autre nuit...

    Quelques uns- tu te souviens?-

    assez naïfs pour croire,

    qu'un jour,

    la littérature renaîtrait

    sur une piste de danse...

     

     

  • Les seuls à tenir encore debout...

    Sans doute es-tu dans le vrai,

    chaton...

    La mélancolie de juin 

    demeure, dans sa complexité,

    aussi indispensable

    qu'un lave-vaisselle.

    Le tambour d'une machine

    à laver...

    Tu as raison...

    Il y a une forme de nostalgie

    sociale derrière chaque

    éclat de rire général.

    Soit on accepte que la vie

    puisse être vache.

    Soit on mène les bœufs...

    Et on n'est pas obligé,

    non plus,

    de croire à toutes ces conneries...

    La poésie et la musique Pop

    sont deux sortes de fantasmes.

    Les seuls, à nos yeux, à tenir

    encore debout.

    Les mères nourricières

    de cette petite économie

    solidaire.

    Oui...

    Mais nos défaites perdurent. 

    Et l'ombre enviera longtemps

    la mobilité

    lente et silencieuse

    du fantôme. 

    Et chaque remède contiendra

    toujours

    sa part de poison...

  • Et le ciel se mettrait à vomir des arcs-en-ciel...

    La passion n'est qu'une coïncidence,

    me dit-elle,

    dans ce train qui achève sa nuit

    comme il peut,

    en gare du Val d'Or...

    Le long du quai, à main gauche,

    d'ailleurs,

    quelques touffes d'orties 

    rescapés de la grande dépression.

    Et sinon, des rêves

    de banlieue chic ordinaire

    qui s'apprêtent à rejoindre leur migraine...

    Un sac plastique roule une pelle

    à une pauvre bouteille 

    de bière.

    Le vent, à ce moment là, est ce qui

    s'apparente le plus au silence.

    Dans une heure ou deux, 

    à peine, 

    il va se mettre à sculpter

    la peau de l'aurore.

    Et tout sera pardonné...

    Ma bouche ressemble à un sachet

    de Tang,

    mais plus personne ne sait de quoi

    je parle.  

    Le train repart. Des volets claquent

    à la sauvette.

    Une fenêtre s'ouvre péniblement.

    Il y a cet homme, en peignoir et,

    au pied,

    des Stan Smith avec des lacets

    bleu turquoise. 

    Il fume par le nez.

    Se gratte la tête. 

    Encore un solitaire qui doit

    préférer la compagnie des chiens

    à celle des hommes.

    J'ai toujours eu peur des chiens,

    me dit-elle,

    mais quand même...

    J'ai toujours cru que mon destin

    était d'atteindre les étoiles, 

    pas vous?

    La passion n'est qu'une coincidence

    et la veille, alors,

    elle a eu une dispute avec son amoureux. 

    Ensuite, bizarrement, elle s'est sentie

    la cuisse plus légère. 

    Ensuite, elle a eu envie de caresser

    cette chose bête et sale, 

    mais quand même...

    Envie d'un garçon aussi perdu

    qu'elle, 

    et ses mains capables, pour quelques heures,

    d'étrangler ses opinions un peu surfaites

    sur l'amour,

    cette fable qui est un éloge à la fidélité

    mais dont la morale lui échappe

    parfois...

    La passion n'est qu'une coïncidence,

    me dit-elle,

    et le train roule

    dans cette sorte de fantasme, 

    où, vous savez, après la pluie, 

    le ciel se mettrait à vomir 

    des arcs- en ciel...