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    Je me lève

    les traits agrandis

    de surprise,

    comme si j'étais toujours

    le fils préféré des nuages...

    Avant que la brume

    lâche son petit rire

    en forme d'avertissement,

    la nuit a déjà mis un terme

    à la lutte un peu absurde

    qui oppose

    les ténèbres à la lumière.

    Et c'est là,

    sur les pentes de la montagne

    en forme de débarcadère.

    Et c'est encore le même film,

    encore le même raccourcissement

    de la mémoire...

    Je me lève avec l'envie

    que tes départs 

    au pays de la confiture

    me fassent un peu de vent

    dans le dos...

    Rouvrant les yeux,

    un peu plus tôt,

    j'ai eu la sensation

    que je pourrais passer

    le reste de mon existence

    à m'enfoncer

    dans une chaise longue

    en jouant parfois

    à l'homme de ta vie...

     

     

  • ...

    Les souvenirs pratiquaient

    l'art délicat

    du bronzage intégral...

    Les larmes avaient de la grâce

    on allait haut dans la fièvre...

    A partir de quelle heure

    la vie allait-elle se remettre

    à circuler dans les idées?

    Le vent prononçait

    des paroles étranges

    la pluie esquissait des gestes 

    avec le même calme feint

    Elle vous souriait

    l'air d'accomplir un devoir ordinaire

    qui ne vous coûte pas grand chose...

    Plus les nuits étaient longues

    plus le temps passait vite

    Tu contenais ton excitation

    dans ces heures lourdes

    où les choses sont sur le point

    d'éclore dans le regard...

     

    (photo Baptiste Jeantet)

  • ...

    Elle adorait le superflu

    et la pensée latérale...

    Ce n'est pas l'histoire à la con

    d'une fille à problèmes...

    Elle n'a jamais

    vraiment cru 

    au storytelling

    cousu de fil blanc

    à cause d'une surconsommation

    de Prozac. 

    Ce truc de la part d'ombre

    tapie en chacun de nous

    elle a toujours pensé

    que ça n'existait pas

    que c'était seulement

    le soleil

    qui s'absentait 

    parfois...

    C'est l'histoire banale

    d'une ménagère 

    de moins de cinquante ans

    avec trois robes

    d'avance

    pour le cas

    où les salons de coiffure

    de la rue Catinat

    aient brusquement

    changé d'adresse

    en pleine nuit

    pour 

    élire domicile

    au beau milieu

    d'un champ de tournesols

    là où un orage suffirait

    à ralentir

    les battements de la mémoire....

     

    (Photo Frédérick Jeantet)