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    C'est le récit d'une séance

    de cinéma en plein air.

    Une actrice rongée par le trac  

    fait face à trois comédiens, 

    torchés et couverts de gras,

    qui donc

    lui donnent la réplique.

    Les trois enfants de la balle

    sont partagés. 

    Que l'actrice débutante 

    soit filmée

    à partir de leurs crânes,

    passe encore.

    Que ses lunettes d'étudiante

    de cinéma

    finissent par se perdre

    dans les moustaches

    d'un metteur en scène

    qui n'existe pas, 

    là par contre,

    quelque chose cloche.

    Et même, pour tout vous

    dire,

    les trois comédiens qui ont

    de la bouteille 

    trouvent ça moche.

    Moche comme le remords

    ou le camping sauvage.

    Pourtant ils se taisent.

    C'est qu'ils doivent bien

    savoir

    que certaines heures

    entraînent les autres

    au fond du ravin. 

    Que le scepticisme

    peut être contagieux. 

    Et puis tout se décante. 

    L'actrice soudain leur lance:

    il y a un grand cri

    piègé

    à l'intérieur de ce monde

    à la con. 

    Elle parle comme une brochure.

    Son sourire fait le reste.

    Les trois comédiens demeurent

    muets.

    Alors elle continue:

    je déteste votre look 

    de vieux torchon.

    Il faut que vous arrêtiez

    d'être bizarre.

    Ça effraie les gens...

     

  • Petite playlist des grands espaces...

    J'aurais tellement aimé,

    me dit-elle,

    tellement aimé

    qu'il continue à me mentir

    avec autant de génie

    mélodique,

    qu'il continue à me mentir

    au moins jusqu'à la fin 

    de cette chanson,

    encore une oeuvre magistrale

    de la musique

    pour bande-annonce

    de western.

    Quand je toucherai ma solde,

    si à la fin des fins

    j'ai quelques économies,

    alors je filerai à mon tour-

    qu'est-ce que tu crois?

    La violence, tout autant

    ça me concerne!-,

    oui, je filerai droit

    chez le seul armurier 

    en tête

    de ma petite playlist

    des grands espaces

    depuis plus de trente ans...

    J'aurais tellement aimé,

    me dit-elle,

    oui, tellement aimé

    qu'il continue à me mentir.

    Il mentait tellement bien.

    Cette façon de faire ça.

    De pleurer par-dessus

    son petit sourire

    de crocodile

    en essayant de vous faire

    croire

    qu'il venait tout juste

    de quitter sa maman...

     
     
     
  • Entre nulle part et au revoir...

    Oh mais bien sur, 

    me dit-elle,

    tout ce qui se raconte

    sur l'existence,

    ses brutalités,

    les gens, leurs tracasseries,

    l'amour et ses petites

    mises en danger

    qui vous poussent,

    parfois,

    à dire des choses 

    comme:

    alors, voilà, 

    j'ai des questions 

    mais je me sens assez

    conne

    de les poser. 

    Oui, 

    bien sur

    que j'en avais vaguement

    entendu parler...

    J'ai voulu apprendre

    les tempêtes

    en observant la forme

    de l'eau. 

    J'étais jeune,

    encore plus curieuse

    qu'une langue de chat

    devant les tripes 

    de la souris

    que sa mère lui rapporte

    avant que sa vie

    ne recommence

    à s'organiser

    autour d'elle-même... 

    Chaque matin, moi aussi, 

    je tentai de débusquer

    le crocodile

    tapi sous les nénuphars. 

    Et quand le jour

    enfin baissait, 

    toujours cette promesse:

    je jurais d'embrasser 

    la main de la nuit

    pour ne pas avoir

    à lui tenir

    tête. 

    Je n'avais pas la certitude

    que le monde existait.

    Ni avant, ni après...

    Oui, bien sur, 

    pas une fois, à l'époque,

    je n'avais rêvé

    que ça puisse un jour

    m'arriver.

    A peine si j'osais

    concevoir

    le chant des pistes

    comme un matériau

    hautement inflammable.

    Ce n'est pas facile

    d'être une fille

    et trop de rêves

    qui vous serrent

    le cœur. 

    Je tremblais qu'on sache

    ce qui me tracassait.

    A-t-on vraiment envie

    d'égarer

    les meutes qui nous cernent, 

    à cet âge? 

    J'étais jeune.

    Seulement envie de connaitre

    les nombreuses façons

    de se faner toute seule.

    Ce n'est pas facile 

    d'être une fille...

    Oh mais bien sur

    qu'un jour,

    moi aussi, 

    j'aurais ma chance 

    entre nulle part et au revoir...