...
C'est le récit d'une séance
de cinéma en plein air.
Une actrice rongée par le trac
fait face à trois comédiens,
torchés et couverts de gras,
qui donc
lui donnent la réplique.
Les trois enfants de la balle
sont partagés.
Que l'actrice débutante
soit filmée
à partir de leurs crânes,
passe encore.
Que ses lunettes d'étudiante
de cinéma
finissent par se perdre
dans les moustaches
d'un metteur en scène
qui n'existe pas,
là par contre,
quelque chose cloche.
Et même, pour tout vous
dire,
les trois comédiens qui ont
de la bouteille
trouvent ça moche.
Moche comme le remords
ou le camping sauvage.
Pourtant ils se taisent.
C'est qu'ils doivent bien
savoir
que certaines heures
entraînent les autres
au fond du ravin.
Que le scepticisme
peut être contagieux.
Et puis tout se décante.
L'actrice soudain leur lance:
il y a un grand cri
piègé
à l'intérieur de ce monde
à la con.
Elle parle comme une brochure.
Son sourire fait le reste.
Les trois comédiens demeurent
muets.
Alors elle continue:
je déteste votre look
de vieux torchon.
Il faut que vous arrêtiez
d'être bizarre.
Ça effraie les gens...