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Fonds de tiroir...

C'était toujours à l'approche du premier sommeil, quand vous sentez cet engourdissement délicieux gagner peu à peu tout votre corps. L'instant où la surveillance se relâche. Jusqu'ici, vous vous êtes efforcé de détourner votre mémoire des affres de la nuit précédente, et, juste au moment où la partie paraît gagnée, le craquement sec du plancher a tôt fait de ranimer la crainte. Le cauchemar que vous appréhendiez tant ne peut plus être différé.

L'été, cela débutait par les piqués suraigus d'un moustique au milieu d'un silence de mort. Et puis, sur le vieux papier peint détendu par l'humidité, le crissement d'une colonie de cafards. A force, tous ces sons finissaient par me vriller le cerveau.

L'hiver, il y avait surtout le trottinement continuel des rats derrière les murs et, parfois même, jusque dans le faux-plafond. Ce n'était pas ces bruits en eux-mêmes qui me causaient tant d'effroi, mais d'avantage ce qui ne manquerait pas de m'arriver une fois que les sacs de céréales ne suffiraient plus à satisfaire leur voracité. Chacune de ces nuits me menaient aux portes de la folie. C'était toujours comme si une sorte de fièvre quarte achevait de me consumer.

Vingt ans plus tard, un rêve, mélangé à l'animation des jours précédents, m'avait ramené au cœur de cet enfer. Oui et j'avais presque envie de me laisser faire. Et si je retournais voir comment tout ça survivait par ici...Vingt ans plus tard, je me suis réveillé vers les trois heures du matin, à peu près dans le même état qu'à cette époque. Une sueur mauvaise au visage. Le tricot de corps poissé d'angoisse. Assis sur mon lit, j'ai repensé à cette époque-là. Vivre, alors, revenait à se bricoler à la hâte une manière de roman irrespirable... 

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