Entre nulle part et au revoir...
Oh mais bien sur,
me dit-elle,
tout ce qui se raconte
sur l'existence,
ses brutalités,
les gens, leurs tracasseries,
l'amour et ses petites
mises en danger
qui vous poussent,
parfois,
à dire des choses
comme:
alors, voilà,
j'ai des questions
mais je me sens assez
conne
de les poser.
Oui,
bien sur
que j'en avais vaguement
entendu parler...
J'ai voulu apprendre
les tempêtes
en observant la forme
de l'eau.
J'étais jeune,
encore plus curieuse
qu'une langue de chat
devant les tripes
de la souris
que sa mère lui rapporte
avant que sa vie
ne recommence
à s'organiser
autour d'elle-même...
Chaque matin, moi aussi,
je tentai de débusquer
le crocodile
tapi sous les nénuphars.
Et quand le jour
enfin baissait,
toujours cette promesse:
je jurais d'embrasser
la main de la nuit
pour ne pas avoir
à lui tenir
tête.
Je n'avais pas la certitude
que le monde existait.
Ni avant, ni après...
Oui, bien sur,
pas une fois, à l'époque,
je n'avais rêvé
que ça puisse un jour
m'arriver.
A peine si j'osais
concevoir
le chant des pistes
comme un matériau
hautement inflammable.
Ce n'est pas facile
d'être une fille
et trop de rêves
qui vous serrent
le cœur.
Je tremblais qu'on sache
ce qui me tracassait.
A-t-on vraiment envie
d'égarer
les meutes qui nous cernent,
à cet âge?
J'étais jeune.
Seulement envie de connaitre
les nombreuses façons
de se faner toute seule.
Ce n'est pas facile
d'être une fille...
Oh mais bien sur
qu'un jour,
moi aussi,
j'aurais ma chance
entre nulle part et au revoir...
Commentaires
Je connais ce non lieu.