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Lubies - Page 18

  • Jeu de dupes

    Il faudrait qu'on puisse se retourner 

    sur nos souvenirs 

    avec la franchise des ânes 

    Qu'on arrête de mordre 

    à l'hameçon rouillé 

    de ces rêves qui remontent 

    dans le sens inverse 

    des rivières 

    Qu'on se retienne 

    de caresser les chats 

    qui n'ont jamais appris 

    l'art délicat des griffures 

    pattes douces 

    Qu'on devienne un personnage 

    de ce vaste jeu de dupes 

    auquel la vie vous propose 

    trop souvent 

    de figurer comme 

    un simple comédien 

    Il faudrait qu'on cesse d'exister 

    au moins quelques secondes 

    pour enfin se mettre 

    à vivre...

  • Savon

     

    Si Peter Pan avait eu
    une paire de jolies chaussures
    pour rattraper ses rêves
    peut-être n'aurait-il pas
    perdu tout ce temps
    à se retourner
    sur cette ombre
    sans cesse à recoudre
    Tu me dis souvent
    La vie c'est la même
    chanson muette
    Chaque matin
    elle colle à la fenêtre
    son petit nez de musaraigne
    Ses lèvres s'agitent
    et nous font signe
    Nous sommes toujours
    ces filles à la recherche
    des garçons perdus
    Entre-temps l'Amérique
    a tellement cessé d'exister
    que Robert Redford a fini
    par en mourir
    Nous sommes
    une bande de petits mecs
    qui rêvent de quitter
    le vestiaire de l'enfance
    une guitare à la main
    Mais on a dû s'endormir
    sous la douche
    et on a encore glissé
    sous le même morceau
    de savon

     

  • Ombres

    L'heure où l'ombre se détache des murs 

    Le matin de la peau moite de la nuit 

    Une main invisible de la poignée 

    grasse des poubelles 

    Qu'est-ce qu'on ne met pas

    dans la poubelle jaune ?

    Ces mots essoufflés de fatigue 

    du malien du wolof ?

      Mais à peine arrivés ils repartent 

    Les êtres qui gagnent leur vie 

    quand l'aube est sale à voir

    n'ont pas de temps à perdre

    L'heure où mes lèvres se détachent 

    de mon premier café 

    toujours trop long après une nuit 

    toujours trop courte 

    La nicotine de mes doigts 

    dans l'eau d'une vaisselle vite faite 

    Mes yeux de l'écran où patiente

    la brume de projets sans vigueur 

    Le travail vient-il vraiment 

    à bout de tout 

    quand il est opiniâtre ?