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Lubies - Page 129

  • ...

    Le désir
    parfois
    c’est juste là
    tout au bord de l’eau
    qu’il va naître
    Il neige
    et les rêves sont
    des billes de bois noir
    Tant de fois
    tu t’es levé
    sale hirsute
    et de méchante humeur
    remâchant sous la bâche
    d’une terrasse
    battue par les pluies
    mesquines
    de décembre
    ces jours où le désespoir
    est en solde...

     

     

  • Westerns Miniatures (5)...

     

     

     

    Tout petit, déjà…

    Je suis, encore un peu, cet enfant des hautes plaines, élevé aux westerns familiaux, grandi pour moitié à la ferme. Il est temps, je pense, d’aller flâner une dernière fois le long des clôtures éternelles de l’enfance. Il est temps de repartir affronter ma nuit. L’enfance. Ses secrets. Ses petites joies à la sauvette. Ses pistes. Ses sentiers tordus. Ses venelles où flottent ces odeurs fortes, ces fumées abondantes. Si j’arrivais à seller mon cheval, je sais plus trop comment on fait mais si j’arrivais à mettre assez d’intention dans chacun de mes gestes alors- oui si seulement j’arrivais à seller mon cheval, alors, lapin, peut-être bien que tu pourrais me laisser y retourner. Parce que je te promets d’en revenir sain et sauf. Parce que je te promets d’éviter les balles. Parce que je t’aime, lapin. Que je pourrais être ton meilleur ami, après ça. Que je pourrais même être ton chien, après ça. Parce que… Laisse-moi seulement essayer de seller mon cheval, lapin.

    …l’idée, alors, c’était de disparaître…

  • Westerns Miniatures (4)

     

     

    L’amour est pur, là-bas, tu sais. Un peu sourd aussi et c’est pour ça qu’on a pas sa peau si facilement...

     

    Maman prépare son vermicelle. Maman. Ses mains jurent au bord de l’eau qui boue. Maman. Ses oreilles déformées, à force, par un tas d’adjectifs sauvages. Maman. Cette saloperie de four qui ne ferme pas bien, bordel de merde. Maman. Au loin, un gros chien de berger aboie sa surprise après les nuages qui moutonnent. Le jour baisse. Si tu voyais ça comme c’est beau, lapin. Le vermicelle qui verse sur toute la création. Quand il aura fini de faire téter ses veaux. Et manger, non !? Maman qui crie après Papa. Papa, un lion muselé par les habitudes et l'amour, qui fait celui qui n’entend rien. Papa. Une espèce de cow-boy même pas besoin d’avoir un cheval, lui. Ni lasso, ni tout ce fourbis de violence et de fétichisme des armes qu’ils ont, d’habitude. Papa qui tombe, dix fois-vingt fois, de la remorque et du toit, quand ses bottes partent en balade. Papa même pas mal. Papa qui sue comme un bouseux. Et l’œil du peintre est un âne. Un bûcheron du Colorado... 

     

     Maman. Papa. Deux êtres de non-calcul. J’ai bon moral...

     

    (Extrait de "Westerns Miniatures", fragments parus dans la revue "Ce qui reste"...)