...

Ça prend du temps,

vous savez, 

oui,

un temps fou,

pour être bien

quelque part...

On sent, 

me dit-il,

qu'il s'est passé

quelque chose. 

Hurlant depuis

la crête des vagues

où personne

ne viendra vous sauver...

Moi, par exemple,

j'ai longtemps

habité

le même jour

de pluie...

Ça ne vous est

jamais venu

à l'esprit

que je pouvais

y vivre seul?

Car, voilà,

j'y vivais seul

et gênais rarement 

mon prochain...

Et chaque matin,

je me répétais:

un beau jour,

ma vie ressemblera

à tous ces noms

prestigieux

dans le domaine

du suspense...

 

Ce soir, tout va très vite...

Ce soir, alors,

j'ai fait une tarte,

comme on décide

de se lancer 

là-dedans

lorsqu'on se sent,

vous savez,

assez fier de soi.

Ensuite, 

depuis la fenêtre

de la cuisine, 

j'ai aperçu cet homme

en laisse,

toujours le même,

qui s'amuse

à décapsuler ses bières

en consultant

l'horoscope. 

Plus je regardais

ma tarte 

en pleine réflexion

sur le plan de travail, 

plus j'avais mal

au crâne. 

Ce soir, 

tout va très vite...

La jeunesse n'est qu'un moment dans la phrase...

Jetons un coup d'œil

dans le coin,

puisque nous sommes 

là...

Une phrase traîne,

c'est au pied d'un sapin

sous la brume

que toute la scène

se déroule.

Un homme,

comme il y en a, 

un homme entre deux

vins,

un homme- cet homme 

soupire:

la jeunesse n'est jamais 

quelque chose d'acquis.

La jeunesse, par la suite,

et si par exemple, 

il vous arrivait de perdre

un être cher, 

ou

dans le plus sombre

des jours,

lorsque la nostalgie,

cette sale maladie des bronches,

vous force à placer le flacon

sur la table

avant d'ouvrir en grand

la fenêtre,

oui,

la jeunesse n'est qu'un moment

dans la phrase...