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Alors, voilà, il s’agit d’un mercredi construit en un seul plan- une seule réplique. D’un tout petit morceau d’espace où l’on sent monter, assez vite, une impuissance dès qu’on se met à regarder sa vie, laquelle n’est bientôt plus perçue qu'en tant que...ahem...oui, comme une somme de temps faibles qui prolifèrent un peu partout. On a cru qu’en opérant un retour- ne s'agit-il pas plutôt d'une espèce de mouvement tournant?- sur le passé, on retrouverait instantanément une bonne odeur d’âge d’or et que la nostalgie, ce décorateur de studio hollywoodien, par la seule grâce d’un éclairage de rêve suffirait à faire le reste. Oui mais voilà, il arrive que l’existence se résume à des espaces vidés de leurs personnages. Que les rêves soient définitivement passés hors-champs. Que l’aigreur soit vraiment humaine rien qu’humaine. Le réel c’est quand ça cogne. Le destin n’existe pas tant qu'on n'est pas venu buter tout contre. La vie, désormais, oui, ça fait mal...
Je suis, comme pas mal de monde, il me semble, une armée mexicaine à moi tout seul. Un condensé de paradoxes. Un de ces fils naturels de la mélancolie. C’est un mot et un concept un peu fourre-tout, je sais bien, la mélancolie. Je sais-je sais. Bon, il s’agit en fait d’un mal un peu anglais venu frapper à l’improviste, un soir de novembre, à la porte d’un adolescent qui avait deux grands rêves dans sa vie : être un rugbyman amateur qui saurait voir les derniers espaces libres, et puis, travailler pour le cinéma, parce que vous savez, le rugby et le cinéma sont les deux dernières grandes utopies collectives à tenir encore la route. Des utopies à la Gaudi...
Oui, je suis un condensé de tout ça et puis de tout un tas de bonheurs miniatures, aussi, et bien sur, d’un sacré paquet de désirs inaboutis et c’est sans doute pour cette raison que l’ensemble tient toujours en l’air. Je me souviens aussi, je suis sur l’âge, il m’arrive désormais de me retourner un peu plus fréquemment sur ma vie, oui donc, je me souviens que l’année de mes seize ans, je m’avançais vers le monde en souriant et mon sourire, alors, c’était comme une pincée de gourmandise à ciel ouvert...
J’avoue que les choses ont pas mal évolué depuis. Depuis j’ai, par exemple, perdu une ou deux dents à la sauvette. Je crois d’ailleurs qu’elles sont tombées toutes seules, mais oui, ces dents. De guerre lasse, on pourrait dire. Depuis, je souris donc beaucoup moins de peur que le destin se fige. Voilà...