Buter tout contre...
Alors, voilà, il s’agit d’un mercredi construit en un seul plan- une seule réplique. D’un tout petit morceau d’espace où l’on sent monter, assez vite, une impuissance dès qu’on se met à regarder sa vie, laquelle n’est bientôt plus perçue qu'en tant que...ahem...oui, comme une somme de temps faibles qui prolifèrent un peu partout. On a cru qu’en opérant un retour- ne s'agit-il pas plutôt d'une espèce de mouvement tournant?- sur le passé, on retrouverait instantanément une bonne odeur d’âge d’or et que la nostalgie, ce décorateur de studio hollywoodien, par la seule grâce d’un éclairage de rêve suffirait à faire le reste. Oui mais voilà, il arrive que l’existence se résume à des espaces vidés de leurs personnages. Que les rêves soient définitivement passés hors-champs. Que l’aigreur soit vraiment humaine rien qu’humaine. Le réel c’est quand ça cogne. Le destin n’existe pas tant qu'on n'est pas venu buter tout contre. La vie, désormais, oui, ça fait mal...
Photo Frédérick Jeantet