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  • Un dimanche de rêve...

    Un dimanche de rêve, me dit-elle. Aucun animal ne sera plus jamais maltraité. Un dimanche comme on en faisait plus depuis longtemps. Depeche Mode se dore la pilule sur nos platines. Nous avons tous quelque chose à cacher. Chacun dans sa chacune afin de chercher la fortune en fouillant au plus profond de l'âme, comme le héros blessé du film ou la fiancée du pirate partie à l'abordage du vaisseau fantôme voleur de secrets. Un dimanche au goût de noisette. L'élégance est sur le jardin. On écoute la voix des autres, leurs tendresses minuscules, leur falsetto délicat. Un dimanche en jogging qui parle couramment le russe à votre rythme. Un dimanche en Floride où des chasseurs de crocodiles d'un nouveau genre font partout leur apparition. Un dimanche qui ressemble au poil incarné le plus long du monde libre. Plus besoin de pâtes et de pizzas pour continuer de vivre à l'italienne. Un dimanche coincé au milieu du divorce de ses parents. Quand l'amour recommence à mentir par omission, on prend le métro pour disparaître dans un trou noir...

     
  • Thérapies brèves...

    Des serpents se sont mis à remuer dans mes yeux comme des thérapies brèves...

    Hier. 18H. Il pleuvait de façon assez idiote, jusque dans les couloirs du métro. J'ai joué de la country toute la sainte journée, me dit-il. J'ai béni les grenouilles. J'ai sifflé du blanc de facteur. J'ai lissé, encore et encore, mes sourcils plats. Je t'ai acheté des Tuc, sinon...

    Des serpents s'agitaient dans le bocal de mes addictions...

    Aujourd'hui. 16h et quelques éclaircies. Elle est graisseuse à ne pas croire, me dit-il, cette table qu'aujourd'hui j'occupe au Chat Noir. Il ne doit pas être loin de 14h et c'est l'hiver rue Saint-Maur, alors prière de ne pas débrancher le chauffage, merci, oui, oui, toi là-bas, la jolie brune au cardigan presque parfait. Le Chat noir, c'est ce bar aux murs ocre avec son petit assortiment de serveurs chevelus-assoupis sur leur fin de race et un petit air qui doit aisément virer au junkie d'opérette quand c'est friday wear, qu'arrive l'heure de tirer des bords le long de la côte sauvage d'Oberkampf et que des escouades de mimes patrouillent sur les trottoirs pour inciter les fumeurs à faire moins de bruit, et même qu'au Chat noir la patine du comptoir chercherait à rivaliser avec l'harmonie hormonale de quelque cousine éloignée de la Havane, même que ça ne nous étonnerait pas.

    Elle est graisseuse à ne pas croire, cette table qu'aujourd'hui j'occupe au Chat noir. Peut-être qu'on ferait mieux de se commander en vitesse un café de crise. Peut-être. Un café, tu sais, à la mousse rigoureuse. Un café, tu sais, d'une amertume de géomètre. Un café aussi strict et trendy qu'un morceau des Kinks, oui voilà. Et d'ailleurs, un morceau des Kinks, voici ce qu'au Chat noir on s'écoute. Et même que la voix de Ray Davies ça fait comme une ballade dominicale à la poursuite d'une jolie brune au cardigan presque parfait le plus mystérieux de la rue Saint-Maur. Oui voilà. Peut-être qu'on ferait mieux de se commander un café à même de nous apprendre, dans notre solitude exactement, les derniers détails de l'époque...

    Des serpents achevaient de mourir. Si j'avais su, j'aurais fait quelque chose...

    Un peu plus tard. Dans un souffle, elle a dit: passons à autre chose. Oui, c'est d'une voix à peine audible qu'elle a dit ça. Et, bien entendu, ça voulait dire: mon garçon, faudra que tu te fasses à cette idée que je n'ai jamais été qu'une rémission passagère dans ta vie. Oui, faudra. L'Europe pouvait-elle repartir sur des bases plus saines? Les passions tristes et les billets coupe-file arriveraient-ils, un jour, à s'entendre? N'empêche. Il a cessé de pleuvoir. Les larmes avaient pris le relais. Ensuite, ils sont venus livrer la dépression qu'entre-temps elle lui avait commandée...

    Des serpents s'agitaient comme vous et moi. Et le vide résonnait dans nos têtes...

     

  • L'amour étend ses bras...

    Quelque part,
    dans les marches du Nord de l'Angleterre,
    l'amour étend ses bras
    dans l'attente de la rédemption.
    L'amour te pardonne, mon garçon,
    toi qui t'apprête
    à quitter la ville
    pour courir le monde
    avec un mandat d'ambassadeur provisoire
    aux Nations Unies du son.
    Yeah Yeah Yeah...
     
    Quelque part,
    dans les marches du Nord de l'Angleterre,
    ton grand frère s'est vrillé
    le genou
    alors qu'il était en passe
    d'intégrer
    le Manchester City Training Ground.
    La bière, la musique et le foot,
    comme ça ne te suffisait plus,
    tu t'es mis à gratter ta guitare
    en inventant des notes
    qui n'existaient pas.
    Yeah Yeah Yeah...
     
    Est-ce vrai ce qu'ils disent?
    Dans la vie, rien
    n'est vraiment gratuit...
    La jeunesse s'agrège
    à quelques cris
    d'Apache...
    Wooooowooooowoooowooo
    Prononcez « wou-ou » et faites un peu
    durer les choses.
    Le temps nous file entre
    les doigts.
    Les garçons trichent,
    les filles font semblant...
    Lumière un peu rase ce matin
    et les rêves glissent toujours
    sur l'épaule d'un géant.
    Les fixations de leurs skis,
    bien qu'un peu dures,
    ne les empêchent pas
    de s'arrêter en chasse-neige
    sur les causes héréditaires
    de la mélancolie...
    11h et l'histoire démarre
    péniblement.
    Les cœurs ont beau inventé
    des histoires,
    la vie tricote ses petits dribbles
    de pute
    à la vitesse d'un mélodrame.
    Yeah Yeah Yeah...
     
    Comme avec ta mère,
    alors tu remuais le ciel
    et la terre
    de ton ancienne chambre d'ado,
    celle que vous aviez partagé
    dans l'indivision,
    tes enfoirés de frères,
    le putain de lecteur CD,
    l'ampli, leurs maudits crampons
    de recalés des pelouses
    et toi,
    et ça c'était donc
    tantôt
    quelque part,
    dans les marches du Nord de l'Angleterre
    après l'envol de quelques poussières,
    quand il y a eu ce silence gênant
    qui précède les grands départs.
    Et alors ta mère a ouvert la fenêtre
    en grand.
    Et puis elle a pleuré.
    Elle venait de comprendre
    que le dernier de ses garçons
    ne dormirait plus jamais
    dans cette chambre.
    Puisqu'il allait partir
    chercher la fortune
    en tamisant des refrains
    de pacotille
    jusque dans le cœur
    des jeunes gens,
    là où, de la roche à l'argent,
    les sales petites gouapes
    comme toi
    tombent toujours
    sur de sacrés filons.
    Yeah Yeah Yeah...