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Codes

Il y a dans chaque matin
qui vient vous toquer
sous les paupières
la main tremblante
d'un vieux traîneur
de bistrot
un air de quartier perdu
de cité dortoir
peuplée par les souvenirs
dormants d'un autre

Mardi dernier
en quittant l'école
où je mène un atelier
d'écriture auprès d'enfants
lesquels aimeraient
à l'image de tous
les gamins du monde
qu'on les laisse simplement
rêver à hauteur d'enfance
j'ai eu envie de franchir
le seuil de ce barber shop
Peut-être précisément
parce que la boutique
meublée par mon regard
depuis la rue
ressemble à un balcon
d'où cascaderait
à flots continus
ces airs de mandoline
qui ne semblent pas
être là pour être aimés

J'ai vécu quelques mois
au pied de Ménilmontant
et à l'époque
je me rasais moi-même
quand j'y pensais
et quand ça me prennait
je faisais ça assez mal

En m'asseyant sur le fauteuil
j' ai revu mon grand-père
devant son plat à barbe
À la main
son rasoir mécanique
et la précision qu'il mettait
dans chacun de ses gestes
Mon grand-père se rasait
dans la remise
son haleine bleutée
se cognait à chaque
glissement du coupe-chou
contre le givre
de ce méchant
morceau de verre
qui faisait office de miroir
La radio diffusait
la météo marine
et j'avais l'impression
que les adultes
en profitaient
pour s'échanger
des noms de code

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