Miscasting...
Ça commence par la sonnerie,
un peu déçue,
de ton vieux téléphone.
Le téléphone finit
par trouver refuge
dans une tasse
de café noir.
Les vacances approchent
à mesure que le jour baisse.
Et puis on dirait
soudain
que ta vie ressemble
à un bureau fantôme.
L'espace se dépeuple,
peu à peu,
comme le regard
d'une actrice,
après un miscasting
de trop.
Ce n'est pas comme si
les êtres et les choses
te manquaient.
Non.
Ils semblent avoir disparu
et même
depuis très longtemps.
Aucune trace
de toutes ces choses
suffisamment personnelles,
ces choses avec un air
de choses qui ne servent
plus,
ces choses qui prennent
les poussières
comme on prend le soleil.
Ces choses
qui n'ont pas ménagé
leurs efforts
pour justifier ton existence
autour de toi....
Ça commence comme ça
et puis ça se termine
par une image
presque anodine.
Un vieux chien
de berger
en train de mordre
la queue
d'un poisson chat.
Et l'on suppose
que le monde regrette
d'avoir perdu le goût
des compositions allégoriques...
(photo Frédérick Jeantet)