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  • Elle et Lui

    Parfois, Elle se sent seule. Alors Elle secoue ses cheveux. Pour voir.


    Parfois Il pense avoir tout gagné. Dans ces moments-là, Elle trouve que la victoire a mauvaise haleine.


    Lui, Il fut un long moment à l'épier par en dessous. On lui voyait un drôle d'air. C'était l'air de celui prêt à mourir d'un torticolis en phase terminale juste pour regarder sous ses jupes, comme ça.

     

    Il regarde la pluie qui tombe sur les gens. Elle regarde les gens qui tombent sous la pluie.

     

    Elle et Lui alors ils se demandent quand le ciel se décidera enfin pour le bleu. Non parce que, ployer sous la pluie, n'en peuvent plus. Non parce que vivre dans cet immeuble gris rien qu'un bloc de grisaille et que leurs os qui craquent en raclant le matelas, c'est vieillir de froid, c'est sentir la peau qui peu à peu se déclasse. Elle, plus qu'un mot. Lui, plus qu'un mot. Le même. Soleil. Et un soleil qui, dès demain, saurait tenir son rang dans l'aube. Voilà.

     

    Au moment de descendre les poubelles, c'est vrai, Il a souvent la tête d'un explorateur perdu.

     

    Elle et Lui ont des enfants. Une fille. Un garçon. Une plus un et tout ça qui donc nous en fait deux. Aujourd'hui les enfants ont voulu Paris. Pour eux Paris, tu sais, ça fait comme une magie. Surtout lors du retour en train où tu dirais que leurs yeux rejouent l'harmonie du soir sur la mer. Aujourd'hui, les enfants ont surtout voulu le Musée d'Orsay. Ça tombait bien. Il voulait revoir ce tableau de Jules Lefebvre. "La vérité."

     

    Il s'est levé d'un coup sec. Elle aurait bien aimé, pour une fois, qu'ils s'attardent un peu au lit. Oui, pour une fois. Il s'est fait couler un café. Il a fait dégager le chat qui gênait la circulation. Puis Il est revenu vers Elle qui s'était rendormie. Il l'a trouvée très belle. Il le lui a dit. Ses cheveux reposaient pieusement sur l'oreiller. Et ses cuisses avaient cette grâce alourdie, tu sais. Cette grâce. Oui. Et puis il lui a raconté ce rêve. C'était un rêve avec un homme sur l'âge. C'était un homme rongé par la culpabilité. Un homme qui depuis trois ans s'imposait une drôle de pénitence, parce que. Parce que, voilà. Il s'est mis à pleurer. Elle l'a pris dans ses bras. Elle a bu ses larmes comme une marée.


    Elle c'est Elle. Lui, maintenant, on commence à y voir plus clair. Elle c'est le vrai visage de l'amour. Voilà. Débrouillez-vous avec ça. Elle, Elle aime vraiment vraiment les biscottes, sinon. Elle en croque toujours trois ou quatre. Et de bel appétit. Surtout le matin quand c'est férié et qu'Il voudrait apprendre enfin à les beurrer comme y faut, ces fichues biscottes, bref, s'y mettre pour de vrai, faire ça comme un véritable professionnel de la profession, sans que ce soit, tout de suite, ce festin de miettes, cette partie perdue d'avance. C'est même rien qu'à cause de ça qu'il a les mains moites, tenez...

    (Photo Frédérick Jeantet)

  • Truc qui progresse...tout doucement

    "Mes souvenirs, me dit-il...une quinzaine de jeunes gens et ils marchent dans mon cerveau en raclant le sol avec leurs drôles de chaussure. Parfois le cuir est déchiré et partout ça pisse le sang. Mes souvenirs...Il pleut dans le cœur rouillé de la nuit. Je porte un gros sac. Tu portes un gros sac. Il porte un gros sac. Nous portons un gros...oui." (extrait de "Sur le rebord de nos migraines")

  • Et alors tout s'est mis à marcher en crabe...

    "Nouvel ouvrage publié aux éditions Le pédalo ivre 

    Aujourd’hui, dingue ! Le recueil de proses Et alors tout s’est mis à marcher en crabe de Benoît Jeantet. Rare que la première page d’un livre me rentre dedans de la sorte :

    « Cette gare est une plaine. Une plaine de visages maigres et de rêves qui empestent la vieille pisse. Des rêves tristes et sombres. Des rêves aux amours jaunes. Des rêves assoupis sous la poussière de la ville. La ville est rousse. Rousse et pelée comme une chienne. Une chienne inutile et malade. J’ai aimé cette ville. Si vous saviez comme j’ai aimé m’endormir dans les bras pleins d’histoires de cette ville. J’ai aimé cette gare. Oh, à un point que… Et puis il a fallu que ça arrive ; que ça nous arrive. »

    La suite est à lire ( si on veut) ici:

    http://www.ecampo.fr/?p=1239 

     

    Un grand merci à Emmanuel Campo.