Westerns miniatures...
Nos sales manies habitaient toujours au fond des vallées…
La pluie détrempe les perspectives, tu sais lapin. Le matin étouffe par-ci par-là sous le mauvais temps. Vues éparses d’une partie un peu trop familière du piémont pyrénéen, ça qu’on pensait pourtant tenir pour certain-intangible-une sorte de vérité révélée et voilà. Le reste, au fond, ne regarde que l’inconnu. L’inconnu d’un feu de broussaille et au moins ça nettoie. L’inconnu de ces oiseaux au nom qui vous échappe toujours pour un pas de plus, ces oiseaux dont les trilles rassurantes continuent, jour après jour, d’alimenter le silence à la source. L’inconnu qui s’estompera bientôt avec le premier bonjour. Et ce bonjour, alors, ça ferait presque un assez beau monument dressé comme ça au milieu des derniers lambeaux de brume, entre la montagne arrogante, jalouse, aux petits soins avec ses dernières neiges et puis ces hautes plaines où quelques souvenirs ronflent encore au pied des souches. Bonjour lapin. Tu me manques mais ça ira.
…peu avant la naissance du tourisme de masse, les coqs noirs ont suspendu leur parade nuptiale…
(Westerns Miniatures, extrait de plusieurs fragments parus, il y a fort fort longtemps, dans la revue Ce qui reste.)