Ty Bihan

Carnac très tôt
ce matin
Le peigne mauvais
du vent
s'applique à décoiffer
la cime des pins
Sur la plage
de Ty Bihan
les premiers baigneurs
arrivent
prêts à chasser la sirène
chaussés de méduses
Petit avant poste
de l'armée qui s'apprête
à replanter le drapeau
dans la chair à vif
du sable
On raconte qu'ici
rien ne cicatrisera
avant septembre
Si je peine à distinguer
leurs visages enfouis
sous les capuches
entourées de sommeil
je suppose des mains
triturant aux fond des poches
les lettres inutiles
d'un dernier rêve
Sans doute ira-t-il bientôt
heurter
le miroir des vagues
qui a vu
tant d'oiseaux
mourir dans ses yeux